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EXTRAIT D’OPTIQUE SUR AL MUNTAZAR
A PROPOS DU NOM DE L’IMAM AL-MAHDI (psl)

today14 août 2022 78 3

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Débat sur le nom du Mahdi

Un nom n’est jamais anodin. En effet, il a toujours été une question cruciale dans l’histoire des prophètes. Certains noms ont une signification précise, d’autres en ont plusieurs. C’est une question qui en suscite d’autres notamment celle de la relation entre le nom et des notions voisines telles que le surnom, le pseudonyme, l’attribut, le qualificatif. Si en matière administrative la distinction trouve un intérêt réel et pratique, en matière théologique, cet intérêt est moins évident. Si on analyse bien les histoires des prophètes, on se rend compte que certains noms retenus par le Coran étaient des surnoms au départ. S’agissant de Muhamed (psl), il a des centaines d’attributs et de qualificatifs pour lesquels le Coran et certains oulémas ne semblent pas tenir compte de la distinction.

Pour illustrer ce qui précède, notons que Jésus avait annoncé un prophète qui devra porter le nom Ahmad. Le prophète de l’islam porte le nom de Muhamed à sa naissance. Ce qui signifierait qu’Ahmad est un attribut, un surnom ou un qualificatif, si réellement la distinction est pertinente en islam. Le Coran ne semble pas aller dans ce sens si on regarde la formulation du verset : « mu bachiran bi rassulin yaa ti min ba’dii ismuhu ahmad » (je vous annonce la bonne nouvelle d’un messager qui viendra après moi, son nom sera Ahmad) (Sourate 61 – Verset 6). Si la formulation dudit verset était « il sera appelé Ahmad » par exemple, la distinction serait plus intéressante.

En poussant un peu la réflexion, on se rend également compte que noms et attributs sont indifféremment utilisés en parlant des 99 de Dieu. Cela n’est pas une erreur de traduction comme pourraient le penser certains car même en arabe on parle de « asma ul husnaa » et de « sifaat » pour désigner la même réalité divine.

On serait également tenté de croire que les noms n’ont pas de traduction possible alors que les attributs ont des significations précises. Ainsi, pourrait-on affirmer que « Allah » n’a pas de traduction possible alors que Sabur se traduit par Patient, Rahman par Miséricordieux, etc. Toutefois, ce critère de distinction qui pourrait être pertinent à certains égards perd tout intérêt lorsqu’on fait la comparaison entre le nom Muhamed, et les autres noms du Prophète appelés surnoms ou qualificatifs. En effet, Muhamed et Ahmad ont la même racine « hmd » qui renvoie à la notion de glorification. C’est ainsi que Muhamed signifie le glorifié et Ahmad le digne de gloire. Le critère de l’impossibilité de traduction est de ce fait inopérant. Dans ce débat, le docteur Mounquidh As-Saqâr soulignait, dans son ouvrage « La Bible a-t-elle annoncé la venue du prophète Mohammed ? (pbdsl) », que le terme paraclet retrouvé dans la Bible comme nom du prophète annoncé par Jésus, renvoie à une notion de louange ou de gloire très proche des noms Ahmad et Muhamed. Sur cette même lancée, le prophète Isaïe annonça un prophète du nom d’Emmanuel et on se retrouve avec Jésus. Encore que dans le Coran aucun de ces deux noms n’est utilisé pour nommer le Messie mais plutôt celui d’« Issa ».

Comme évoqué ci haut, des surnoms sont devenus des noms quasi-officiels de certains prophètes à l’instar de Jacob. Ce dernier qui avait comme surnom Israël, se voit reconnaître ses noms Jacob et Israël dans le Saint Coran. C’est ainsi que sa descendance est appelée banu israil (le peuple d’Israël) pour désigner les 12 tribus issues de ses 12 fils.

D’autres noms ont des significations circonstancielles tels celui de Moussa qui proviendrait des termes hébreux « mou » et « cha » qui signifient « eau » et « arbre », (ou encore maym et etsah). Ce nom s’expliquerait par la circonstance de la naissance de ce prophète pour qui, Dieu avait recommandé à sa mère de le mettre dans un panier et de le jeter sur le fleuve Nil. D’où l’origine de la première partie du nom. Une fois fait, le panier portant le bébé s’accrocha à un arbre au bord du fleuve à hauteur du palais du pharaon ; cela explique la seconde partie du nom. Une autre théorie tout au moins aussi plausible voudrait que le nom de Moussa soit d’origine égyptienne et signifierait « fils », (waladan). (Sourate 28 verset 9)

Le nom d’Isaac peut être analysé de la sorte du fait qu’il signifie « sourire » ou « rire » dans la langue hébreu (tsahaq) et traduit la joie de sa mère lorsque les anges vinrent annoncer à Ibrahim la naissance prochaine de ce fils alors que Sarah (mère d’Isaac) était stérile et vieille. Le nom de son frère aîné Ismail proviendrait du trajet que faisait sa mère à la Mecque alors que toute sa provision en eau était épuisée. Faisant des va-et-vient entre les deux montagnes Safa et Marwa, il invoquait le Seigneur, cherchait secours en Lui. Dieu ayant entendu et agréé son invocation, il surnomma son fils « isma-El _Dieu a entendu ».

Al-boukhary et Muslim rapportent d’après Abu Ghurayrah que le Prophète a dit « taçammaw bismii wala taknuu bi kunyatii _ » (nommez-vous de mon nom mais ne vous nommez pas de mon surnom). Ce qui est traduit ici par surnom est en réalité un état personnel. Cela révèle encore une fois, la dangerosité des traductions et les inductions y afférentes. Il s’agit par exemple d’un état matrimonial, paternel ou clanique. Ainsi, on ne peut désigner un homonyme du Prophète par Abul Qassim (père de Qassim), ou Epoux de Khadija ou Ibn ‘Abdal Mutalib, ou al Haachimi (de la tribu de Hachim). De la même manière, on ne peut appeler un homonyme du Mahdi par Hagane (sa tribu) ou Abu Issa (père de Jésus) ou Ibnal Hassan (fils d’Al Hassan).

Eu égard à toutes ces considérations, la distinction entre le nom et ses notions voisines, en matière de théologie, plus précisément en matière de prophétie, est non pertinente. Si elle a un quelconque intérêt, celui-ci reste purement théorique, considérant que des surnoms sont devenus des noms, que les termes attributs et noms sont indifféremment utilisés et qu’il est difficile de trouver des critères distinctifs opérants.

En réalité, tout cela relève de la volonté et du pouvoir discrétionnaire du Seigneur plus qu’on veuille l’accepter. Il appelle ses prophètes comme bon lui semble, par des noms, surnoms prénoms, etc. Ainsi a-t-il demandé à Jésus d’annoncer un messager du nom d’Ahmad et donne le nom Muhamad à celui-ci. A priori, il n’y a pas de logique à tout cela, surtout si on omet le plus important en matière de théologie : la volonté divine. Les explications de cette différence viennent a posteriori et ne sont pas unanimes chez les oulémas. Ainsi, a-t-on affirmé que le nom annoncé n’avait pas d’importance du moment que celui-ci figurait dans les 201 noms du Prophète. Pour les adeptes de cette thèse, il n’est pas question de faire la différence entre nom et qualificatif. Ce qu’on peut retenir est que tout ceci est une question de choix. Un choix fait par le Seigneur sans souci d’être compris par ses créatures d’où la recommandation de croire dans le ghayb. Nous avons traduit ce terme coranique par « doute intelligent » dans notre livre Obstacles et obstructions. Il est traduit ainsi car faisant référence au doute inévitable pour tout esprit cartésien mais qui doit aboutir à la croyance du Seigneur malgré quelques zones d’ombres. L’homme doit accepter qu’il ne puisse tout comprendre. C’est une fatalité qu’il nous incombe d’accepter telle la philosophie de l’absurde à travers Le Mythe de Sisyphe. Cela peut sembler absurde et ça l’est sûrement, mais en matière de religion, la croyance précède la compréhension. C’est ainsi qu’Anselme de Canterbury disait : « je ne cherche pas, en effet, à comprendre pour croire, mais je crois pour comprendre ». En effet, il nous incombe en tant que créature, de nous conformer à la doctrine divine et à la logique divine et non l’inverse. Adopter cette démarche revient à accepter de ne pas être en mesure de comprendre beaucoup de choses. Ceux qui auront accepté cela, croiront malgré qu’ils n’ont pas toutes les preuves de l’existence de Dieu, malgré qu’ils n’ont pas tout compris sur l’avènement du prophète Muhamed (psl), mais aussi comment treize siècles après un homme peut-il se déclarer être le prophète Muhamed revenu sous une autre apparence.

Mausolée de l’Imam al-Mahdi, Seydina Limamou Lahi (psl) à Yoff, dans la capitale sénégalaise.

Il convient de retenir que le nom donné à un prophète relève du pouvoir exclusif et discrétionnaire du Seigneur. De ce fait, on croit d’abord avant d’essayer de comprendre. En consultant plusieurs écrits, on pourrait déduire que le Mahdi attendu s’appellera Muhamed ibn Abdoullah ; mais là encore le choix du Seigneur fut autre comme cela fut le cas avec l’annonce d’un prophète qui se nommera Ahmad. En marge de cela, il faudrait souligner qu’il y a une nette différence de formulation entre les différents hadiths qui font état du nom du Mahdi ; ce qui peut faire l’objet d’interprétations diverses.

En effet, il y a une nette différence de compréhension et d’interprétation entre la formule « son nom sera mon nom » et « mon nom sera son nom » ou encore « son nom sera comme mon nom ». Mu’awiya Ibn Qourra rapporte du Prophète (psl) « La terre sera remplie d’injustice et d’iniquité et quand elle le sera, DIEU enverra un homme, son nom est mon nom (ismuhu ismii), il la remplira de justice et d’équité comme elle aura été remplie d’injustice et d’iniquité.» ‘Abdoullah Ibn Mas’ud rapporte du Prophète (psl) : « L’heure n’arrivera pas avant que ne vienne sur terre un homme de ma maison, son nom sera comme mon nom (ismuhu ka ismii)

Pour la première version, il faut croire que quel que soit le nom du Mahdi (psl), il sera intégré dans le lot des noms du prophète Muhamed (psl). Pour la seconde, il s’agit vraisemblablement d’un rapport de conformité. Toutefois, la démarche que nous jugeons adéquate, et que nous soutenons, est qu’en matière de prophétie, l’exégèse des textes occupe une place accessoire. Peut-être devrions-nous rappeler que Seydina Limamou Lahi (psl) a déclaré être un prophète, ou plus précisément le Prophète. Le fait qu’il soit en même temps le Mahdi est une information qu’il a donnée à titre subsidiaire. C’est lui qui nous édifia sur le statut du Mahdi qui n’est personne d’autre que le prophète Muhamed (psl). De ce fait, avant de nous intéresser aux critères permettant de reconnaitre le Mahdi, il faudra nous intéresser aux critères distinctifs d’un prophète. Une fois que la prophétie de Seydina Limamou vérifiée, la vérification de la véracité de ses dires nous est exonérée car « il ne parle pas de son propre chef ». Par conséquent, le défi est de vérifier la véracité de la prophétie de Seydina Limamou Lahi et tout le reste s’en suivra. Il faudra pour ce faire, définir les critères permettant de reconnaître un prophète. Cette question est déjà traitée dans le chapitre « mana demb mana tay ».

En définitive, Limamou Lahi fait désormais partie des noms du Prophète (psl) comme l’est Ahmad, Paraclet etc. D’autant plus que ce nom renvoie au mot arabe al imam qui signifie le guide. La différence entre ce nom et celui d’Imamoul Moursaline est que le premier fait référence à l’intronisateur et le second aux sujets. En clair, Limamou Lahi signifie le guide choisi par le Seigneur et Imamoul Moursaline, le guide des messagers. Il s’agit là de deux faces d’une même pièce. Le glissement sémantique d’al imam à Limamou est un processus fréquent en linguistique. Rappelons que « maym-etsah » dans la langue hébreux est devenu « mou-saa » et Moïse en français. On peut donner une pléthore d’exemples de ce genre. De ce fait, Limamou comme Moussa ont pour origine des mots provenant de langues étrangères (arabe pour le premier et hébreu pour le second), mais sont devenus les noms officiels.

Le nom de son fils et vicaire fut choisi par son Seigneur tel que cela fut le cas pour beaucoup de prophètes. Il en est ainsi du prophète Jean Baptiste « yaa Zakaria inna nubachiruka bi ghulaamin ismuhu Yahya lam naj’al lahu min qabli samiyyah_O Zakarie nous te donnons la bonne nouvelle d’un fils, son nom sera Jean. Nous n’avons donné à personne ce nom auparavant». (Sourate19 verset8)

EXTRAIT OPTIQUE SUR AL MUNTAZAR

Ibrahima Abou SAMB

Écrit par: soodaan3

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