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RAPPEL A DIEU DE BARA LAHI : Le deuil de XadijaLay ou la perte d’un frère

today11 mars 2024 46 2

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Il m’est arrive plusieurs moments de vouloir écrire son décès sur mon journal intime, ce journal qui, un moment, on a passé beaucoup de temps à parler de l’importance d’en tenir un pour se confier en toute liberté et garder l’humeur positive dans nos interactions. Je ne sais combien de fois j’ai commencé à écrire et après finissait par effacer… Mon esprit bloquait … sans vraiment savoir pourquoi j ai eu beaucoup de mal à parler de lui là où j’ai jamais eu de difficultés à accoucher mes sentiments les plus profonds.

Quand notre amitié a débuté tu étais étudiant au Caire, moi en France. On venait tous les deux d’avoir le Bac. C’était au temps où il n’y avait pas internet … On s’écrivait au début des longues lettres, des cartes postales. On se racontait nos quotidiens et projets. Comme j’aimais tant le lui rappeler c’était aux temps « deungeul casquette check down jean melni rappeur… » Cela le faisait toujours rire quand je lui disais cela.

Cela a continué, on se disputait souvent car tout ce qu’il me disait systématiquement j’étais pas d’accord. Challenger ses positions, apprendre beaucoup quand il m’expliquait les choses étaient des moments qui seront à jamais gravés dans ma mémoire. J’adorai ce côté chien et chat qui était un excellent moyen pour moi d’assouvir ma soif de connaissance.

Quand il venait me voir en Belgique , on gardait ces moments que pour nous. Nos photos, nos sujets abordés restaient entre nous. Jalousement… On adorait conserver cette complicité en dehors de tous les yeux. Dès que je disais quelque chose qui ne fallait pas sur les réseaux sociaux, il était un des premiers à m’interpeller discrètement .. Khadija Laye enlève ceci, Khadija Laye explique-moi ta position. Elle te ressemble pas…

Je lui reprochais souvent de me mettre la pression, de vouloir me mettre sur un piédestal que je refusais …
Ecrire mon nom comme ca XadijaLay c’était son idée. Un jour où je lui racontais que sur Facebook, on me confondait souvent avec une fille qui avait aussi comme nom Khadija Laye.

On a partagé pleins de moments agréables. Walahi… Quand il venait en Europe j’étais le chauffeur. Il ne conduisait jamais ici et quand je conduisais on en profitait pour trainer et on programmait ces moments… Aussi fofolle qu’étaient nos virées, je ne me rappelle pas un seul moment qu’on a partagé ensemble sans que notre discussion ne finisse par tourner autour de la foi. Il était un éternel assoiffé d’Allah azawjal et de son prophète… Son idole au delà du prophète était Imam Sakhir. Je me rappelle, une année, je suis venue à Dakar juste pour la célébration dédiée à Imam Sakhir, ses larmes, pendant son discours, sont comme aujourd’hui…

Son cœur était à l’image de tous les hommes de Dieu, une hypersensibilité qu’on pouvait facilement percevoir. Il ne s’en cachait même pas …
L’esprit négatif était ce qu’il détestait le plus dans les interactions… Il avait une vision extrêmement positive d’Allah azawajal et surtout en Ses Plans. Il n’aimait pas m’entendre me plaindre, aussi énorme qu’était un problème, il avait le don de tout minimiser et de te faire focaliser sur l’essentiel….

Des projets pour la communauté, il en avait une tonne. Ce qui laisse un vide car après avoir lu les témoignages je réalise, en fait, qu’ il était en contact avec chaque expert dans son domaine et avait déjà élaboré un plan…

Les derniers souhaits qu’il voulait me voir réaliser, étaient de partager mon journal intime spirituel en podcast, quand, par moment, on parlait de nos ressentis surtout de nos cheminements, il témoignait sa compréhension sans retenue et me disait tout le temps « fais un podcast et partage ses moments, tu ne te doutes pas de combien de personnes vivent nos états d’âme ! » Je me rappelle, il voulait même qu’on crée un groupe soufi les assoiffés de Dieu et cela sans distinction envers aucune tarikha…

Avec mon côté très fanatique, j avais souvent cette habitude de lui dire pour les Layènes d’abord et cela l’énervait car tout le temps il me répétait : « oublie cette facon de voir, layene amoul, mouride amoul dioulitt rek mo ame ».

Comme on en discutait avec un ami commun, il avait cette habitude de s’effacer, de valoriser la personne devant elle, à tel point que si on ne faisait pas attention on pouvait penser pouvoir s’attribuer tous les mérites….

Il adorait écouter quand on parle surtout de sujets qui l’intéressaient. Il avait une voix qui savait calmer et transcender tout cœur pur.

Je me rappelle de lui au salon de la maison, ma fille bornée le fatiguait avec milles questions et le défiait pour toutes ses réponses… Il était là avec elle tellement patient, moi j’étais dans la cuisine entrain de leur faire à manger. Je l’entendais rire aux éclats et me disait « Khadija, tu as eu ta fille copie conforme ! tu es bien servie et tu as du boulot devant toi pour la canaliser ! »

Nos derniers moment, ce novembre dernier, on était assis dans ce restau, on se racontait nos délires, on partageait comme d’habitude nos états d’âmes professionnels et surtout spirituels… et aujourd’hui c’ est avec les larmes aux yeux que je me rappelle quand il me disait que j’étais comme sa propre sœur et que cela je devais en être sure partout où je serai et surtout de ne jamais l’oublier quelque soit l’évolution de nos vies; en retour pour dissiper cette hypersensibilité que nous partageons, je lui répondais wahi kassé tu bouffes tes millions à Dakar me laissant ici galérer… Il m’ avait répondu « je t’ai dit milles fois de rentrer et bosser avec moi, je te propose même de venir gérer ma boite quelques temps que je me repose. C’est toi qui veut point quitter l’Europe… » Bref…

De cet homme, j’aurai retenu la constance dans la foi, la bonté, un amour infini qu’il vouait à toute sa famille et à tous les musulmans. Il ne faisait aucune distinction entre tarikha ….un homme humble qui célébrait toute personne devant elle, qui surtout savait ressortir les qualités des gens, leur bon côté et faisait tout pour lutter contre tout ce qui était négatif dans toute interaction….

Quand une excellente idée venait de lui, il la formulait de sorte qu’on pouvait même penser que c’était pas clair ni mûr dans sa tète, or que non ! C’était sa façon de valoriser autrui, et laissait toujours les mérites aux autres…

Daawul Dieuw… Il n’aimait pas quand je lui disais luy cas bi … cette mauvaise habitude que nous avons de nos jours pour parler d’autrui… Il disait jamais du mal des gens.

Le soir de ta mort,, j’étais là angoissée , g vu mon mari entrain de lire ses xassidas et d’un coup m’a demandé quel était son vrai nom, je lui demandais le pourquoi il le demandait, il m’a retorqué pour lire pour lui un xassida que Cheikhal Khadim leur avait conseillé pour les defunts…et ensuite il avait dit avoir cette impression d’avoir perdu un frère et pourtant il venait a peine de le connaitre… lui a eu le privilège de l’avoir eu au tel en dernier de nous deux…et sans savoir pourquoi il se sentait attaché à lui…. le propre des pieux…
Un sentiment tres bizarre, un sentiment de vide face à une personne qui peut même être inconnue qui décède….

Seedel Naala ni nitt ku tedd nga wone sur tous les sens du terme. Tu avais un tawakul hors norme et j oublierai jamais : Naka heweul yi…? cette leçon de vie magistrale me demandant de mettre toujours en exergue les bienfaits d’Allah dans ma vie et pas de ne pas demander naka thiono yi. Je t’ai aimé sincèrement comme un frère et tu laisses un grand vide dans mon cœur mais, malgré tout ces sentiments, je reste convaincue que tu as rejoins le paradis le plus haut et que là tu es aux côtés de l’élu de notre cœur Seydina Limamou.

XadijaLay

Écrit par: soodaan3

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