BAYE SEYDI THIAW LAHI

TRIBUNE DU VENDREDI N°46 : Immersion dans la sagesse du 3ème Khalif Baye Seydi Thiaw LAHI «Sangoup Jamano»

today17 septembre 2021 14

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Immersion dans la sagesse du 3ème Khalif Baye Seydi Thiaw Lahi « SANGOUP JAMONO »

[En marge de la commémoration du trente-cinquième anniversaire du rappel à Dieu du troisième Khalif des Ahloulahi prévue le 27 septembre 2021, nous avons décidé d’immerger nos chers lecteurs et lectrices dans les profondeurs de cette source intarissable de sagesse que fut El Hadji Seydina Issa Lahi.]

Du troisième Khalif des Ahloulahi communément appelé Baye Seydi Thiaw Lahi l’on retient en général l’œuvre colossale qu’il réalisa pendant ses seize ans de califat. Et cette œuvre tellement grandiose semble occulter une autre facette de sa personnalité à savoir sa philosophie morale d’une autre dimension, distillée à travers des paroles de sagesse dont il avait l’habitude de gratifier son auditoire. Ensemble nous essayerons d’en citer quelques exemples, 11 précisément. Ensuite nous tenterons de les traduire en langue française et de faire quelques commentaires.

1. « Ku la ëmbël ca sanxal, ëmbël la ca kersa»

Par cette parole de sagesse Baye Seydi Thiaw Lahi, qui reprend un adage de la langue wolof, nous enseigne qu’on aura toujours la faiblesse de la personne qui nous pourvoit notre subsistance. Autrement dit, on n’osera jamais dire ou faire des choses qui iront à l’encontre de la volonté et/ou des intérêts de celui de qui nous bénéficions des largesses. Il rappelait souvent cette vérité pour mettre en garde les guides de son époque face à l’autorité étatique, aux politiciens et aux hommes influents qui, à coup sûr, useront de leur pouvoir et leurs avoirs pour tenter de les corrompre et les mettre dans leur poche, souvent au détriment du peuple et des plus faibles. Pour sa part il ajoutait « si vous pensez que me donner votre argent ou votre bien m’empêchera de vous dire la vérité ou vous corriger quand l’occasion se présente, alors gardez-les. Car quand il s’agit de dire la vérité ou d’appliquer une sanction sachez que je deviens aussitôt aveugle face à qui que ce soit ». C’est d’ailleurs la raison qui fait que son jeune frère Serigne Ablaye l’appelait affectueusement : « gumbagi » (l’aveugle).

2. «Ku aduna jaral lu né, da nu kay moytoo nu né »

Autrement dit, une personne qui est prête à tout pour avoir sa place dans ce monde doit être évitée par tous les moyens. En parfait connaisseur de son époque et des mœurs qui y prévalent, Baye Seydi Thiaw nous mettait en garde contre ce type de personne avide qui, pour avoir une certaine position ou acquérir un titre ou un avoir quelconque, n’hésiterait jamais à mentir, à voler, à ternir l’image des autres, à vendre ses parents/ses enfants voire à tuer pour arriver à ses fins.

3. « Ndaw siiw la bëg, té siiw jigu ko »

Autrement dit, les jeunes veulent avoir la popularité. Or, elle ne leur est pas utile ; elle ne leur attire que le mauvais œil et ses conséquences (maladies, mortalité précoce, etc.)

4. « Yalna nu Yàlla musël ci mak mu am daraja tey fenn ak ci mageetum yoor-yoor »

Par cette célèbre phrase que seule une personne véridique aura le courage de prononcer, le Khalif-maitre de son temps priait Allah de nous préserver de cette vieille personne « mag mu am daraja » (homme ou femme) qui, par son âge, ou sa naissance ou sa position dans la société inspire respect et considération alors qu’elle ne dit jamais la vérité. Le danger lié à ce type de personne est que tout ce qu’elle dit est considéré comme vérité alors que non. C’est pourquoi, c’est facilement qu’elle brisera les liens entre de proches parents, entre amis, entre époux, entre parent et enfant, entre un guide et son disciple. Il ajoutait encore : « kër buur bu tas moo ka tas, këru diiné bu tas moo ka tas». En d’autres termes, c’est elle qui déchire l’unité entre les membres d’une même famille religieuse ou entre des membres de la cour d’un roi (ou du cabinet d’un président de la république).

Baye Seydi Thiaw sensibilisait encore contre « mag mu am daraja tay fenn » en détaillant : « xalé bu dugg ci lu mu warul dugg moo ka ca dugal » ( il/elle donne toujours de mauvais conseils au jeune pour le mener à sa perte). « Aantane nga ko, sañ nga ko, man nga ko » lui dire-t-il/elle. En d’autres termes il ou elle encouragera le jeune qui l’écoute en lui soufflant : « Tu peux le supporter, tu en as la capacité et tu en es capable. » Et le résultat ? Baye Seydi Thiaw concluait « bajja dèè na » pour dire qu’en suivant ce conseil, l’on peut être sûr que tous les espoirs portés sur ce jeune s’effacent aussitôt [soit parce qu’il mourra jeune, soit parce qu’il décevra tout simplement tous ceux qui croyaient en lui].

Dans le même ordre d’idée il nous prévenait aussi des méfaits de cette vieille personne « magettum yoor-yoor » qui, chaque matin, parcourt la cité en colportant des ragots de foyer en foyer ou en prodiguant de mauvais conseils aux jeunes mariés. À chaque fois qu’elle quitte un foyer elle y attise le feu de la mésentente et de la désunion entre les époux ou entre les membres d’une même famille. Baye Seydi Thiaw Lahi prenait alors le temps de donner les exemples suivants : la « maggetum yoor-yoor » conseillera à une femme mariée « doom deg naa ni ñu lay def, waayé ba ma say tollu ku ma musa def naangam, dinala def në lé ». La traduction littérale pourrait donner ceci : « Ma fille, je suis au courant de tout ce que l’on te fait vivre dans ton foyer. Mais saches que quand j’avais ton âge à chaque fois qu’on me m’imposait un tel mauvais traitement, je ne me laissais pas faire ». Or, comme le précisait, le Khalif-maitre de son temps, « chaque soir elle (la « maggetum yoor-yoor ») est ligotée au pied du lit jusqu’à l’aube.

5. « Wayjur robiné barké la, té robiné ku si bëg jari nu da ngay ronu »

Baye Seydi Thiaw Lahi avait prononcé cette vérité après avoir constaté que la plupart des jeunes yoffois qui embrassaient la voie des Ahloulahi étaient rejetés par leurs parents. Certains parents avaient même infligé des traitements sévères à leurs fils devenus layènes en les renvoyant du domicile familial. Pour éviter toute confrontation entre ces « jeunes néo-layènes » pleins de zèle et leur parents, Baye Seydi Thiaw en guide responsable et doté d’une sagesse qui n’égale que son rang de « Boroom Jamono » leur enseignait par analogie que les parents étaient comme un robinet plein de grâce, et que pour pouvoir bénéficier du produit d’un robinet il fallait se mettre en son dessous.

6. « Bi nu fiy nëw da no anda ak juroomi yëf: da noo gumba, da noo tëx, da noo lafan da noo raflé, da noo luu té bu ñuy dellu itam ñoom la nuy yobbaalé »

Voici une déclaration devenue très célèbre dans le discours du troisième Khalif. En effet, il avait l’habitude de rappeler aux gens de son époque que « l’homme vient au monde avec 5 choses :
– il naît aveugle (car complètement ébloui par la lumière terrestre après avoir passé 9 mois dans un espace sombre) ;
– il est sourd (il ne comprend pas encore ce qu’il perçoit comme son) ;
– il est impotent (il ne peut pas encore faire grand-chose tout seul) ;
– il vient au monde dévêtu ;
– il vient au monde muet (il ne sort aucun mot identifiable) ».

Il ajouta qu’en retourna à son Seigneur, l’homme reste encore dans les mêmes conditions qu’à sa naissance à savoir : aveugle, sourd, impotent, mal vêtu (en effet il porte un tissu modeste et le moins coûteux qui soit), muet.

Baye Seydi Thiaw Lahi émettait alors cette pertinente interrogation :

« Entre notre naissance dans ces conditions et le moment où nous quitterons ce monde toujours dans un état identique, pourquoi devons-nous nous enorgueillir une fois que notre situation semble s’améliorer ? »

7. « Ay jéppit waru nu jéppinté »

Il avait prononcé ces propos après qu’il a été mis au courant de différends entre les jeunes nés de parents Layènes et les néo-Layènes ayant embrassé la doctrine Ahloulahi sous son califat. En patriarche de la grande famille Ahloulahi il leur fit savoir que « des gens que tout le monde méprise pour le simple fait qu’ils partagent la croyance dans la mission prophétique de Seydina Limamou Lahi (asws), ne doivent aucunement pas se mépriser mutuellement ». Au contraire, ils doivent s’unir, se solidariser et se battre ensemble pour le triomphe de leur idéologie commune.

8. « As gór so ka bëggéé ilif da nga kay cërël ci li ngeen bokk »

Là, Baye Seydi Thiaw donne une leçon de leadership à ses contemporains et à la postérité : « Pour faire reconnaître son autorité à une personne digne, il faut lui céder (ou partager avec lui) une part de la responsabilité commune qui t’a été confiée ».

9. « Jamono jii nak méddë mi duuf na lool ba ku moytu wul doo doon tàn doo doon xaj té di nga ci jëfëndi ku »

Ces propos sont une innovation que Baye Seydi Thiaw Lahi ajoutait aux célèbres propos émis par son grand-père Seydina Limamou Lahi (asws) dans son premier sermon à savoir :

« Ne soyez pas avides des biens de ce bas monde, car ce monde ci est (comme) un cadavre (impropre à la consommation). Seuls les chiens et les vautours mangent un tel cadavre. Détachez-vous donc de ce bas monde ne le suivez pas, car c’est une demeure qui va vieillir et disparaître. Or sa disparition est proche. »

Le 3e Khalif, conscient qu’il devenait très difficile pour les gens de son époque et des époques à venir de tourner ce monde et ses jouissances devenues quasi inévitables, incontournables voire addictives nous conseillait alors :

« Ce cadavre en putréfaction (ce bas-monde et ses délices) est tellement gras que si vous n’y prenez pas garde vous vous en régalerez alors que vous n’êtes ni des vautours ni des chiens. »

10. « Su la nit maatté siiñ ka ba mu xam ni am nga ay bëñ »

Pour dire littéralement que « quand quelqu’un te mord, [ne te venge pas] montre lui juste que tu as aussi des dents comme lui ». On n’a pas besoin de répondre à une agression mais cela ne nous empêche pas non plus de faire comprendre à l’agresseur qu’on est capable de lui faire la même chose.

11. « Talibé du jaam, nawlé la »

À travers cette phrase, « Al Mujaddid » sensibilise les guides religieux sur les rapports qu’ils doivent entretenir avec leurs disciples. Selon le saint homme, un disciple ne doit pas être considéré comme un esclave mais plutôt comme un vis-à-vis qu’il doit traiter avec égard. Ainsi, dans ses faits, gestes et paroles, le guide doit faire en sorte de ne pas décevoir cette personne qui a placé sa confiance en lui. Cela permettra au guide de ne jamais dévier de la voie des justes.

PS: Ce nombre 11 a été choisi expressément car il renvoie au poids mystique du terme « HUWA » (LUI) comme pour dire que Baye Seydi Thiaw Lahi « HUWA AL MUJADDID / HUWA SÂHIBU ZAMÂNIHI » (Autrement dit : IL EST LE RÉNOVATEUR /IL EST LE MAÎTRE DE SON TEMPS).

Yalna sounou Borom dolli am ngërëmëm ci moom.

Par Chérif Alassane Lahi Diop « Sibt Sâhibou Zamâne »,
Analyste politique et économique,
Expert en Commerce et Management des Affaires Internationales,
Secrétaire Général de Vision 129.

Écrit par: soodaan3

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