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TRIBUNE DU VENDREDI N°76 : Une petite Introduction à l’Etude du Fiqh ou jurisprudence islamique suivant le rite Malikite (3ème partie)

today22 avril 2022 7

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TROISIÈME PARTIE : LES ÉLÉMENTS CONSTITUTIFS DE LA GRANDE ABLUTION OU « ARKÂN AL-GHUSL »

Après avoir traité des sujets de la pureté et de la petite ablution, nous en arrivons à la grande ablution ou « ghusl » (الغُسْلُ).

Tout comme la petite, la grande ablution trouve aussi son fondement aussi bien dans le coran que dans la sunna. Pour ce qui est du Coran, le fondement légal de la grande ablution est défini dans ces 2 versets :

– « Si vous êtes en état d’impureté majeure, alors faites la grande ablution » [sourate 5, verset 6]

– « Ils t’interrogent sur les menstrues. Dis : « C’est une affection ». Ne vous approchez pas des femmes en cours de menstruation. N’ayez de rapport charnel avec elles qu’une fois purifiées (par la grande ablution) » [sourate 2, verset 222.]

Du côté de la sunna Al Bukhârî rapporte d’après Abû Hurayra que le prophète (asws) a dit : « Quand l’homme se place entre les bras et les jambes de la femme, et qu’il y a introduction, la grande ablution est obligatoire (pour l’un et l’autre). »

Elle consiste à procéder à un lavage rituel du corps dans son intégralité (avec de l’eau pure et purifiante) pour sortir d’un état impureté majeure.

Au fidèle en état d’impureté majeure il est interdit en plus des mêmes choses que dans le cas de l’impureté mineure (la prière, les circumambulations rituelles autour de la Ka’ba, toucher le Coran complet, etc.), mais aussi d’entrer dans une mosquée ou de réciter le Coran.

Globalement, les causes de l’impureté majeure sont de 4 ordres :

  1. a) La souillure majeure ou « al-Janâba » (الجَنَابَةُ)

Elle résulte de deux situations :

  • l’émission de sperme chez l’homme ou de la sécrétion de liquide sexuel (liquide subtil et jaune) par la femme suite à une jouissance normale au cours du sommeil (pollution nocturne) comme à l’état de veille, que cela soit pendant un rapport sexuel ou autrement. Toutefois, il convient de préciser que l’émission de sperme ou du liquide sexuel en état de veille et sans jouissance après un choc ou après un contact avec de l’eau chaude ou froide ne rend pas la grande ablution obligatoire ; seule la petite ablution est obligatoire en pareil cas.
  • l’introduction du gland dans le vagin ou dans toute autre partie érogène (même sans éjaculation).

NB : Les écoles hanbalites et chaféite ne considèrent pas le sperme comme une impureté.

  1. b) Les menstrues ou « al-Hayd » (الحَيْضُ)

Après la cessation de l’écoulement du sang des règles ou menstrues, il est obligatoire, pour la femme, d’effectuer la grande ablution avant de reprendre sa prière.

À ce niveau, il faut savoir que la durée maximale légale pour les règles est de 15 jours. Passé ce délai, l’écoulement supplémentaire de sang n’est plus considéré comme étant normal mais plutôt lié à une maladie. Et alors, la personne concernée doit faire sa grande ablution et faire sa prière ou son jeûne, et ce, même si l’écoulement persiste. À la suite des règles, la femme n’est pas tenue de rattraper les prières manquées mais seulement ses jours de jeûne manqués.

La grande ablution n’est pas obligatoire avant de démarrer le jeûne.

  1. c) Les lochies ou « an-Nifâs » (النِّفَاسُ)

Il s’agit des écoulements sanguins vaginaux, qui se produisent chez la femme à la suite d’un accouchement, même en cas de césarienne. L’arrêt de l’écoulement des lochies rend obligatoire la grande ablution. La durée maximale légale des lochies est de 2 mois. Au-delà, le fidèle doit nécessairement faire sa « ghusl » et reprendre ses pratiques (prière, etc.)

  1. d) Autres causes
– la fausse couche
– la conversion d’un infidèle à l’Islam
  1. Pour la femme qui a ses menstrues ou ses lochies il lui est interdit les mêmes choses comme énoncé plus haut, elle n’a pas non plus le droit de jeûner, d’entrer dans une mosquée ou d’avoir un rapport sexuel. Et le mari d’une femme dans cette situation peut tirer jouissance de tout son corps sauf de la partie comprise entre son nombril et ses genoux. Il ne pourra avoir commerce avec elle qu’après qu’elle aura procédé à la grande ablution à la suite de l’arrêt des menstrues.

LES OBLIGATIONS DE LA GRANDE ABLUTION

La grande ablution comporte cinq obligations :

1) l’intention
2) l’enchainement des actes
3) le lavage de la totalité du corps avec de l’eau
4) le frottement de la totalité du corps mouillé
5) la friction entre les poils et cheveux

ACTES RECOMMANDÉS OU « SUNNAN »

La grande ablution comprend 4 actes recommandés ou « sunnan »

1) se laver les mains jusqu’aux poignets
2) se rincer la bouche
3) l’action d’aspirer l’eau avec les narines et d’expirer pour les en expulser
4) introduire le doigt mouillé dans le trou de l’oreille (Cet acte est différent du lavage de la partie externe des oreilles qui est compris dans l’obligation de laver tout le corps)

LES ACTES MÉRITOIRES OU MUSTAHABBÂT

1) La tasmiyya (dire bismillah avant de démarrer)
2) se laver les parties intimes (ne pas les retoucher après les avoir lavées)
3) se laver toute la tête (visage, cheveux, oreilles et cou) 3 fois
4) faire la petite ablution (juste après avoir lavé les parties intimes)
5) utiliser l’eau avec modération
6) laver de haut en bas
7) laver d’abord la partie droite du corps puis la gauche

En résumé la grande ablution se déroule comme suit :

– Démarrer par dire « bismillah » ;
– Se laver les mains jusqu’aux poignets 3 fois
– Émettre l’intention de se débarrasser de la grande impureté ou d’accomplir l’obligation du lavage rituel;
– Laver la partie entre le nombril et les genoux (laver les parties intimes et nettoyer toute autre partie touchée par la souillure) ;
– Faire la petite ablution
– laver 3 fois la tête jusqu’au cou en faisant pénétrer l’eau jusqu’à la racine des cheveux tout en frottant,
– laver la partie droite du corps puis la gauche (laver l’intérieur des oreilles, le cou, les épaules, les aisselles, le buste, le nombril, le fessier, les cuisses, la partie derrière les genoux, les jambes, les orteils)
– s’assurer que tout le corps a été bien lavé

REMARQUES :

– Concernant le lavage des pieds pendant la petite ablution, il peut être retardé jusqu’à la fin du ghusl.

– Pour les parties cachées ou difficiles à atteindre par les mains (dos, aisselles, nombril, (on peut utiliser un morceau de tissu (serviette) ou une corde pour mieux frictionner.

– Après avoir fait le ghusl on n’a pas besoin de refaire la petite ablution à moins que le fidèle n’ait touché ses parties intimes par la paume de sa main durant ou après la grande ablution.

Nb : Après avoir reçu plusieurs questions récurrentes, il convient de faire quelques précisions à savoir :

– L’avis majoritaire de l’école malikite est qu’il est permis à la femme qui a ses règles et qui suit une formation religieuse de toucher le coran et de le réciter ;

– Quand on est en état de janâba, il est permis de jeûner, mais il est recommandé de faire le ghusl le plutôt possible. Ceci ne concerne pas la femme qui a ses règles ou ses lochies ;

– Il est recommandé (mustahab) au fidèle en situation de janâba de faire la petite ablution avant un rapport sexuel ;

– Les 4 écoles sunnites ont le consensus sur le fait qu’en état d’impureté majeure, il est permis au fidèle de réciter le Coran mais uniquement dans sa tête, mais pas avec la bouche.

LA GRANDE ABLUTION SUIVANT LES ENSEIGNEMENTS DE SEYDINA LIMAMOU LAHI (asws)

La pureté occupe une place importante dans les enseignements du saint-maitre (asws). À ce propos, Seydina Limamou Lahi (asws) recommandait de renouveler, si possible, les ablutions à chaque nouvelle heure de prière. Concernant la grande ablution, Seydina Limamou Lahi (asws) a pris le temps de l’enseigner lui-même à ses compagnons. Il avait tenu à préciser que celui qui l’aura accomplie telle qu’il l’a enseignée peut-être sûr d’être entièrement propre et lavé de tout péché. Pour montrer l’importance qu’il accordait à la pureté, le Cheikh Abdoulaye Sylla rapporte au vers 61 de son célèbre Izâlul Jahl que Seydina Limamou (asws) avait même créé des équipes chargées de veiller à la bonne pratique de l’ablution avant la prière. Autrement dit, des surveillants – Baye Ablaye Sylla en faisait partie – étaient chargés d’aller vérifier si les fidèles accomplissaient correctement l’ablution en respectant les différents éléments constitutifs. De même, pour le lavage rituel, il avait l’habitude d’interroger un fidèle pris au hasard pour vérifier s’il en maitrisait le bon déroulement.

Son fils ainé et premier Khalif Seydina Issa Rohoulahi (as) avait maintenu ces mêmes dispositions et n’hésitait pas à corriger ou faire corriger ceux qui persistaient encore dans l’ignorance du bon déroulement de la grande et/ou de la petite ablution. Toutefois, de nos jours, plusieurs versions circulent au sein de notre communauté. Pourtant chacun des différents Khalifs qui se sont succédés à la tête des Ahloulahi a plusieurs fois rappelé, et ce en public, la version authentique enseignée par le fondateur (asws). Cela impose, alors, la nécessité cruciale, pour les savants du comité scientifique, de se regrouper autour d’un conclave pour harmoniser les choses. Cela permettrait, avec l’appui et la supervision des membres de la famille du saint-maitre (asws) d’homologuer une version officielle pour chacune des pratiques cultuelles.

(À SUIVRE)

Par Chérif Alassane Lahi Diop « Sibt Sâhibou Zamâne »,
Analyste politique et économique,
Expert en Commerce et Management des Affaires Internationales,
Aspirant-disciple parmi les Ahloulahi,
Secrétaire Général de Vision 129.

Écrit par: soodaan3

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