CHRONIQUES

TRIBUNE DU VENDREDI N°88 : LA « NAṢÎḤATU LI A-IMMATI D-DÎNI» OU DISPONIBILITÉ À L’ÉGARD DES GUIDES RELIGIEUX

today15 juillet 2022 127

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La « NASÎHATU  LI A-IMMATI D-DÎNI ou disponibilité à l’égard des guides religieux

Dans un contexte marqué par des attaques répétitives en tout genre et de de plus en plus violentes, à tort ou à raison, envers les chefs religieux nous profitons de l’occasion pour partager cet enseignement du saint-maitre (asws) contenu dans son premier sermon et qui est une suite des tribunes précédentes.

« La naṣîḥatu li a-immati d-dîni ou disponibilité envers les chefs religieux, c’est les aimer, suivre leurs conseils, les aider dans les activités qui concernent la religion, et conseiller aux hommes d’adopter la même attitude à leur égard. »
En effet, les érudits ou « ulémas » sont les héritiers, les successeurs des prophètes en tant que dépositaires de leurs messages et de leurs enseignements. Ils sont donc chargés d’assurer la continuité de la mission des messagers d’Allah en prêchant et en partageant la parole du Tout-Puissant. À ce titre, les chefs religieux ont une place prépondérante au sein de la religion et dans la société. Ils sont par exemple chargés d’enseigner la religion islamique ainsi que les rites du culte y afférent ; mais aussi de diriger la prière en assemblée, de baptiser les nouveau-nés, de diriger la prière mortuaire des défunts et de juger entre les musulmans en appliquant la charia’. Leur rôle n’est pas de se substituer aux messagers d’Allah pour transmettre de nouvelles lois (légiférer) à la suite du Coran, encore moins de réclamer des donations et autres présents aux autres croyants ! comporter

Le Coran disait à leur propos :
{ یَـٰۤأَیُّهَا ٱلَّذِینَ ءَامَنُوۤا۟ أَطِیعُوا۟ ٱللَّهَ وَأَطِیعُوا۟ ٱلرَّسُولَ وَأُو۟لِی ٱلۡأَمۡرِ مِنكُمۡۖ فَإِن تَنَـٰزَعۡتُمۡ فِی شَیۡءࣲ فَرُدُّوهُ إِلَى ٱللَّهِ وَٱلرَّسُولِ إِن كُنتُمۡ تُؤۡمِنُونَ بِٱللَّهِ وَٱلۡیَوۡمِ ٱلۡـَٔاخِرِۚ ذَ ٰ⁠لِكَ خَیۡرࣱ وَأَحۡسَنُ تَأۡوِیلًا }
« Ô les croyants ! Obéissez à Allah, et obéissez au Messager et à ceux d’entre vous qui détiennent le commandement . Puis, si vous vous disputez en quoi que ce soit, renvoyez-là à Allah et au Messager, si vous croyez en Allah et au Jour Dernier. Ce sera bien mieux et de meilleure interprétation (et aboutissement) ». [Sourate AN-NISÃ’: 59]

Parmi ces chefs religieux il y a les imams, les docteurs de la Loi (exégètes, jurisconsultes, etc.) les Cheikhs ayant ouvert une voie initiatique (tarikha) à l’image de Cheikh Abdoul Khadr Jeylânî (rta), Seydina Cheikh Ahmad at-Tîjân (rta), Cheikh Ahmadou Bamba (rta) ainsi que leurs descendants ayant suivi leurs traces et leurs plénipotentiaires ou « Muhaddam » chargés de transmettre leur cheminement spirituel et leurs enseignements. Or, pour suivre les conseils de quelqu’un, il faut éprouver du respect et de l’amour envers lui au préalable.

Le saint-maitre recommande d’aimer ces chefs religieux, d’abord, pour ensuite suivre leurs conseils. Mais cela ne suffit pas. Car ces vaillants défenseurs de la loi coranique et de la sunna de notre prophète (asws) ont besoin d’être appuyés, aidés et renforcés dans leur mission par le reste de la communauté.

À ce niveau, il convient de préciser que n’est pas chef religieux qui veut ! il y a en effet, des valeurs (notamment l’intégrité, la probité morale, etc.) et un certain niveau de savoir à avoir, un comportement irréprochable, et un certain mode de vie à adopter pour être considéré comme tel.

Ils doivent avoir un rôle de régulateurs sociaux et doivent pouvoir veiller au respect des droits et intérêts de chacune des composantes de la société (les détenteurs du pouvoir temporel et leurs administrés). Ils doivent savoir prendre la parole quand il le faut pour s’adresser à chacune des parties – au peuple comme aux gouvernants – en cas de besoin et surtout quand les conditions de vie des populations deviennent difficiles ou quand des menaces à la sureté de l’État ou en période de précampagne électorale. Ils devront agir équitablement entre les différentes tendances (par exemple entre le pouvoir et l’opposition). Ils ne devront donc pas forcément afficher publiquement leur choix encore moins l’imposer aux autres au risque de voir leur crédibilité s’effriter. Le troisième Khalif, Baye Seydi Thiaw Lahi lançait d’ailleurs l’alerte avec cette vérité purement wolof :
« Ku la ëmbël ca sanxal, ëmbël la ca kersa »
Ce « hakim » ajoutait encore :
« adiya su jiitoo soxla, tudatul adiya waayé gér la tudda »

C’est pourquoi, le chef religieux doit savoir choisir le côté de la vérité, oublier sa propre personne et les avantages qu’il pourrait tirer au détriment du peuple souverain, privilégier l’intérêt général, défendre le plus faible, conseiller la droiture et l’équité au plus fort et savoir le rappeler à l’ordre si besoin en est.

L’histoire politique de ce pays a révélé que les chefs religieux (détenteurs du pouvoir temporel) ont eu à entretenir une relation saine et étroite avec les différents hommes d’Etat qui ont eu à gérer des fonctions électives. Et ces politiques ont toujours tant que faire s’est pu respecter les engagements pris devant ces chefs religieux pour l’amélioration des conditions de vie des populations. À ce propos, Seydina Issa Rohoulahi (asws) entretenait des rapports cordiaux avec les différents Gouverneurs de l’AOF, des maires de Dakar (notamment Alfred Goux) et des politiques sénégalais à l’image de Blaise Diagne et plus tard Lamine Gueye tant que l’intérêt des autochtones étaient préservés. Il n’hésitait guère, par contre, à prendre leur contre-pied et se faire entendre quand ces intérêts étaient menacés ou bafoués. De la même manière Seydina Mandione Lahi (2ème Khalif) était l’ami du président Lamine Gueye là où Seydina Ababacar Lahi (fils de Seydina Limamou Lahi) et Serigne Fallou Mbacké (2ème Khalif des Mourides) entretenaient des relations amicales avec le président Senghor. Toutefois ces relations aussi profondes, aussi poussées fussent telles ne sont jamais allées à l’encontre de l’intérêt général et n’ont jamais violé les droits du peuple. Ces chefs religieux ont su prendre les décisions qu’il fallait et ne sont jamais restés dans leur mutisme face à certaines situations. Nos chefs religieux actuels s’inscrivent dans cette dynamique même si c’est dans un cadre officieux et nous prions alors Allah de les guider davantage dans cette voie par la sainteté de leurs illustres ascendants.
جعلنا الله واياكم ممن يستمعون القول فيتبعون أحسنه
Qu’Allah nous accorde une campagne et des élections apaisées par la grâce de notre maître (asws).

Par Chérif Alassane Lahi Diop « Sibt Sâhibou Zamâne »,
Analyste politique et économique,
Expert en Commerce et Management des Affaires Internationales,
Secrétaire Général de Vision 129.

Écrit par: soodaan3

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