CHRONIQUES

TRIBUNE DU VENDREEDI N°78 : Une petite Introduction à l’Etude du Fiqh ou jurisprudence islamique suivant le rite Malikite (5ème partie)

today6 mai 2022 8

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CINQUIÈME PARTIE : TRAITEMENT DES OMISSIONS ET DES AJOUTS AU COURS DE LA PRIÈRE : LES « SOUJOÛD U AS-SAHWI »

Les actes annulant la prière sont :

– Le fait de supprimer ou de changer son intention (par exemple : avoir l’intention d’interrompre la prière ou pendant qu’on accomplit la prière du ‘asr, on décide soudain que ce n’est plus cette prière mais celle de dhuhr.
– Omettre une des 15 obligations de la prière [et ne pas la rectifier]
– Ajouter volontairement des actes pendant la prière : il s’agit d’actes [comme un roukkoû’ ou un soujôd] et non de paroles.
– S’asseoir volontairement pour prononcer le tachahhoud alors que ce n’est pas le moment : par exemple pendant la prière ou la troisième rakka’ (en dehors de la prière du Maghrib).
– Boire ou manger pendant la prière
– Perdre la petite ablution
– Vomir intentionnellement
– Parler pendant la prière (sauf dans le cas où l’imam s’est trompé et qu’il faille le prévenir par un tasbîh)
– Émettre volontairement un son (souffler par la bouche, siffler, etc.)
– Faire beaucoup de mouvements qui n’ont rien à voir avec les actes de la prière
– Rire bruyamment
– Etc.

A.RÉPARATION DES OUBLIS, OMISSIONS ET DES RAJOUTS AU COURS DE LA PRIÈRE

Si au cours de la prière le fidèle – cela concerne aussi bien l’imâm qui dirige une prière en commun que le fidèle qui prie seul – commet, par distraction, un oubli ou ajout, il lui est alors recommandé d’effectuer deux prosternations avant ou après le salut final (selon le cas) pour réparer cette erreur. Ces prosternations de réparation appelées « Soujoûd u As-sahwi » sont des pratiques d’ordre traditionnel renforcé. Elles permettent de réparer la prière et éviter de la refaire.

Il convient de préciser qu’une prière réparée est 70 fois supérieure en grade à une prière recommencée à la suite d’un ajout ou d’une omission.
Les actes obligatoires au cours des prosternations de réparation sont les suivants :
1. L’intention
2. La première prosternation
3. La deuxième prosternation
4. La position assise entre ces deux prosternations
5. Le salut final
Par contre, elles comportent deux sunan à savoir le takbîr et le tachahhoud réduit (sans cette fois la Salât ‘alâ an-Nabî).

Il existe deux types de prosternations de réparation : « as-Soujoûd al-qablî » et « soujoûd al-ba’dî »
A. Réparation d’une omission : « soujoûd al-qablî » (qabla salâm)
Le « Soujoûd al-qablî » consiste en deux prosternations avant le salut final en cas d’oubli ou de présomption d’avoir omis, par inadvertance :
– au moins une des 8 sounan mou’akkada (vues dans la précédente tribune) ;
– ou deux sunna simples (dans ce cas il est juste recommandé et non obligatoire de réparer l’erreur) ;
– ou au moins trois sounan (dans ce cas la réparation est obligatoire)
– ou une sunna mou’akkada ou sunna simple et d’avoir ajouté à celle-ci un acte en plus de ce qui était demandé.

À ce propos, l’auteur Al Akhdari, disciple de l’école malikite, nous enseigne que la règle générale stipule que :

« Toute erreur commise dans la prière et consistant en une omission devra être réparée par deux prosternations avant le salut final, quand les deux tachahhoud sont terminés, puis par un nouveau tachahhoud. »
Le fidèle qui a commis une omission doit, après avoir prononcé le tachahhoud de la dernière rakka’, se garder de faire le salut final ou « taslim » ; mais dire « Allahou akbar » (takbîr) en étant toujours assis, faire une première prosternation, se relever pour s’asseoir avant de faire une deuxième prosternation. En revenant de cette dernière, il fait un autre tachahhoud (cette fois-ci réduit) suivi du taslim.

Globalement, les cas qui nécessitent le « soujoûd al-qablî » sont les suivants :

– oublier la lecture de la Sourate (ou verset) après la Fatiha (s’agissant de l’une des deux premières Rak’at de la prière canonique) ;
– réciter en silence 3 versets (ou même plus) au lieu de le faire à haute voix ;
– omettre deux takbîr (« allahou akbar » ) ou plus ;
– omettre « Sami’a Allahou liman hamidah » ou en même temps un takbîr et un « Sami’a Allahou liman hamidah » ;
– omettre le premier tachahhoud ;
– omettre le deuxième tachahhoud ;
– oublier de s’asseoir pour le premier tachahhoud ;
– oublier de s’asseoir pour le deuxième tachahhoud ;
– omettre trois sunnan.

REMARQUES

R1 : le « soujoûd al-qablî » ne peut en aucun cas réparer une prière où il manque ne serait-ce qu’un seul acte obligatoire. En effet, s’il manque un acte obligatoire, il convient de refaire la rakka’ concernée sinon la prière est annulée comme nous l’avons clairement précisé au début de cette partie.
R2 : parmi les actes obligatoires de la prière, il en existe deux dont leur omission ne peut être réparée, mais entraine automatiquement l’annulation de la prière : il s’agit de l’intention et du Takbîratou l-ihrâm.
R3 : omettre une seule sunna n’entraine pas le « soujoûd al-qablî ». Si toutefois, le fidèle s’entête à faire volontairement le « soujoûd al-qablî », alors sa prière n’est pas valable.
R4 : dans le cas du « soujoûd al-qablî », il n’est pas nécessaire de formuler l’intention dans la mesure où l’on est toujours dans la prière.

B.REPARATION D’UN AJOUT : « SOUJOÛT AL-BA’DÎ » (BA’DA SALÂM)

La réparation par « soujoûd al-ba’dî » revient à faire deux prosternations après le salut final en cas d’ajout ou de doute d’avoir ajouté, involontairement un acte obligatoire ou tout autre qui ne relève pas des actes de la prière. Pour ce faire, le fidèle doit, après le taslim, garder la position assise, formuler l’intention de rentrer dans la prière pour effectuer la réparation, avant de prononcer la takbîr suivi d’une première prosternation. Ensuite, il se relève de celle-ci, puis fait une deuxième prosternation au retour de laquelle, il prononce le tachahhoud réduit avant de prononcer le salut final.

Les cas d’ajout par erreur qui entraine une réparation de la prière par soujoûd al-ba’dî sont les suivants :- Ajout d’une obligation dans la prière
– Réciter à haute voix 3 versets ou plus au lieu de le faire en silence
Remarque : Pour l’imam Abu Hanifa dans la réparation par soujoud u as-sahw se fait toujours après le salut final. Par contre, pour l’imam Shâfi’î, elle se fait toujours avant le taslim.
NB.
– Si l’omission concerne une sunna mou’akkada et que le fidèle s’en souvient au cours de la prière, après avoir noué la génuflexion, on ne revient pas sur l’acte ou la parole en question. On continue la prière et après le salut final on répare par soujoûd al-qablî.
– Par contre, si elle concerne une des obligation de la prière, alors le fidèle doit non seulement revenir dessus pour reprendre correctement l’acte ou formuler la parole, mais aussi faire les prosternations de réparation qui, dans la plupart des cas se font après le salut final (soujoûd al-ba’dî).
– Si le fidèle émet des doutes sur le nombre de rakka’ qu’il a effectué, il doit considérer la rakka’a inférieure puis terminer sa prière. Après le salut final on répare par soujoûd al-ba’dî.

QUELQUES EXEMPLES PRATIQUES :

Exemple 1 : si pendant la génuflexion, le fidèle constate avoir oublié de réciter la fatiha (obligation), il doit nécessairement, revenir à la position initiale pour la reprendre mais sans prononcer « Sami’a Allahou liman Hamidah ». Il continuera sa prière à partir de là. Après le salut final, il devra faire les soujoûd al-ba’dî pour corriger le rajout.

Exemples 2 : si avant de nouer la génuflexion, le fidèle réalise avoir récité la fatiha à voix basse dans une prière où il fallait le faire à voix haute, alors il doit reprendre la récitation de la fatiha à voix haute et réparer cet ajout par soujoûd al-ba’dî. Si au lieu de la fatiha, cela concernait la sourate à réciter après elle, on revient toujours dans la récitation pour la faire à haute voix sauf qu’à la fin de la prière il n’y aura pas de soujoûd al-ba’dî. Pour la simple raison que cette répétition n’est pas considérée comme un rajout mais un acte non-recommandé.

Exemple 3 : si pendant la génuflexion de la deuxième rakka’, on se rappelle avoir omis de réciter la fatiha (obligation), alors comme précisé dans la remarque R1, la première rakka’ est nulle. Et donc on considère la rakka’ en cours à savoir la deuxième comme étant la première et continuer à partir de là. À la fin de la prière, la réparation se fait par soujoûd al-ba’dî.

Exemple 4 : Si le fidèle oubli de se relever de sa génuflexion et enchaine directement par une prosternation, alors il doit revenir, s’il en fait le constat, en se mettant en position inclinée sans se remettre debout, puis faire le redressement avant de continuer sa prière. À la fin de la prière il répare son erreur par soujoûd al-ba’dî.

En résumé, on ne revient que sur les actes de la rakka’ en cours.

Par Chérif Alassane Lahi Diop « Sibt Sâhibou Zamâne »,
Analyste politique et économique,
Expert en Commerce et Management des Affaires Internationales,
Secrétaire Général de Vision 129.

 

Écrit par: soodaan3

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