CHRONIQUES

TRIBUNE N°57 : LES PÉCHÉS DE LA LANGUE : LA CALOMNIE (DIFFAMATION) ET LA MÉDISANCE EN ISLAM (SUITE ET FIN)

today3 décembre 2021 19

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LES PÉCHÉS DE LA LANGUE : LA CALOMNIE (LA DIFFAMATION) ET LA MÉDISANCE EN ISLAM (SUITE ET FIN)

[Cette tribune est la deuxième partie de la précédente. Après avoir présenté le sujet en rapportant la définition que le prophète Mouhamad (asws) avait lui-même faite de la médisance et de la calomnie pour établir la différence entre ces deux fléaux dans la première partie (tribune numéro 57), nous mettons cette deuxième partie à contribution pour partager l’enseignement du saint-maitre (asws) sur le sujet et la solution adoptée par ses successeurs.]

Le saint-maitre Seydina Limamou Lahi (asws), comme pour nous préparer à mieux lutter contre ces maux de notre époque que sont la médisance et la calomnie, nous conseillait :

«Méfiez-vous des ouï-dire et des «on a dit que…», car bien souvent ce qu’on raconte et ce qu’on entend ne correspond pas à la réalité. Ne nourrissez à l’égard de vos frères que de bons soupçons. Évitez les mauvais soupçons. Dieu est à l’affût des soupçons de ses serviteurs.» (Extrait sermon 1)

-«Je vous recommande d’éviter la médisance, la calomnie, le mensonge, la trahison et le fait de raconter beaucoup de choses sur quelqu’un que vous n’aimez pas. Évitez la jalousie, la haine, l’orgueil, et l’ostentation. Purifiez vos œuvres en les consacrant à Dieu.» (Extrait sermon 1)

«Soyez des promoteurs de la bonne entente et non des destructeurs (des bonnes relations). Observez vos propres défauts plutôt que d’observer ceux des autres. Celui qui cherche à dévoiler les vices des autres, risque de voir les siens étalés au grand jour.» (Extrait sermon 2)

Conscient que les gens de cette époque (la Fin des Temps) ne pourront pas facilement échapper au virus de la médisance, Seydina Limamou Lahi (asws) conseillait encore : « si vous ne pouvez pas vous en éloigner, alors médisez de moi ». En donnant un tel conseil, il savait pertinemment que nul sur cette Terre ni ailleurs, qu’il soit son partisan ou parmi ceux qui se sont opposés à lui (asws) n’avait quoi que ce soit de mauvais à dire sur lui qui fut incontestablement l’être parfait en tout point par excellence. Alors chercher à parler de lui en son absence ne pourrait procurer que des hassanât.

À sa suite ses khalifs avaient chacun résolu le problème de la médisance et de la calomnie à sa façon au sein des Ahloulahi. À titre d’exemple, les anciens ayant vécu avec son fils, le deuxième Khalif Seydina Mandione Lahi, rapportent que quand quelqu’un venait pour médire sur son prochain, il ne faisait aucune réaction. C’était comme s’il n’avait rien entend. D’ailleurs une croyance populaire rapporte que les poils à l’intérieur des oreilles du saint homme se regroupaient pour former une boule qui l’empêchait d’entendre de tels propos malveillants. Et la commère était alors obligée de parler plus fort au risque que toutes les personnes présentes entendent ses propos malveillants. C’est ce qui fait que plus personne n’osait se hasarder à lui rapporter des ragots. Son frère cadet Seydina Ababacar Lahi qui recevait le plus souvent ses visiteurs dans sa grande cour de Yoff, de son côté, demandait toujours à toute personne qui s’adressait à lui de parler à haute voix aussi et devant tout le monde. C’est pourquoi aucune commère n’osait s’approcher de lui non plus pour lui rapporter quoi que ce soit. Quant à leur fils Baye Seydi Thiaw Lahi, le troisième Khalif, quand quelqu’un osait lui rapporter une information sur un autre, il avait l’habitude de demander à la personne d’attendre qu’on allât appeler l’autre partie pour écouter sa version. Et dans la plupart des cas la commère n’osait pas faire la même déclaration face à la personne sur qui elle était venue pour médire. Et dans ce cas, Baye Seydi Thiaw Lahi prenait le temps d’aller prendre son fouet qu’il avait surnommé «jombul kenn» – terme wolof qui peut être traduit littéralement par «qui n’épargne personne [quand il s’agit d’appliquer la loi]» – pour corriger le colporteur de ragot. Concernant, le quatrième Seydina Mame Alassane Lahi nous racontons cette petite anecdote : un jour que Baye Seydi Thiaw (Khalif de l’époque) discutait avec des gens venus le rencontrer dans sa résidence de Yoff, une personne qui fréquentait sa cour est allé, à la fin de la rencontre, déformer les propos du Khalif auprès de son frère cadet Seydina Mame Alassane pour les mettre en mal. Or, il ignorait que l’amour que chacun de ces petits-fils du Mahdi (asws) ressentait à l’endroit de l’autre était plus important que ce bas-monde et tout ce qu’il contient. Aussitôt, Seydina Mame Alassane sans faire de commentaire avait pris la personne par le bras et le présenta à Baye Seydi Thiaw en lui rapportant les propos. Baye Seydi Thiaw, sans dire un mot, avait sorti «jombul kenn» et avait tellement bien fouetté la commère que c’est Mame Alassane dans sa grande clémence qui avait supplié son frère de l’épargner. Après avoir corrigé la personne indélicate, Baye Seydi Thiaw avait alors prononcé cette célèbre expression : «Yalna nu Yàlla moussël ci mak mu am daraja tay fenn !». Ce qui peut être traduit par « qu’Allah nous préserve contre tout vieille personne très respectable mais qui se trouve être un menteur ».

D’ailleurs, cette façon dont la famille du saint-maitre traitait la question de la médisance ne fait que suivre cette mise en garde émise par le Coran :

« Ô vous qui avez cru, si un pervers vous apporte une nouvelle, voyez bien clair [de crainte] que par inadvertance vous ne portiez atteinte à des gens et que vous ne regrettiez par la suite ce que vous avez fait » [Al Hujurat, 6]

Néanmoins, au lieu d’appliquer la recommandation contenue dans ce verset, en restant prudent, en rejetant et en corrigeant sévèrement les commères et les calomniateurs pour limiter leur propagation, c’est comme si la société actuelle les encourage en ce sens que ces «rapporteurs» semblent gagner encore plus facilement l’estime de la majorité de nos concitoyens de tout bord. Pire encore, la médisance et la calomnie sont devenues un fonds de commerce bien lucratif ; et les commères et les calomniateurs sont couverts de cadeaux en tout genre et d’argent par ceux qui, pourtant, auraient dû freiner leur prolifération du fait du grand danger qu’ils représentent pour l’union et la cohésion au sein de la collectivité.

Or, combien de relations familiales ont été détruites ? combien d’amitiés ont été dissoutes ? combien de relations amoureuses, de fiançailles ou encore de mariages ont été défaits ? Enfin combien de vies ont été détruites du simple fait de la médisance et de la calomnie qui sont de loin encore plus dangereuses que la COVID-19 ?

Rappelons-nous que le musulman «C’est celui dont les musulmans sont à l’abri des dommages que peuvent porter sa langue et ses mains.» (Sahih Muslim)

Ayons enfin à l’esprit qu’un jour chacun de nous sera seul dans sa tombe avec ses œuvres bonnes ou mauvaises accomplies sur terre ; avant d’être confronté à ses actes et paroles devant le meilleur des juges Al Hakîm.

C’est pourquoi, nous vous invitons tous à rester très vigilants dans nos relations et interactions familiales, amicales, fraternelles et professionnelles face aux péchés de la langue (ou du clavier) que promeuvent ces destructeurs des bonnes relations et de la bonne entente qui règne entre nous, nos proches et nos voisins.

« bu leen seet ci man mi ka wax ndax damaa jubul ba di wax 

Na ngeen seet mahnaam li ma wax kon ngeen am “hidaayati”»

 

Que Paix, Salut et Bénédictions soient éternellement renouvelés sur notre maître Seydina Limamou Lahi Al Moukhtâr Wa Seydil Anlamîna

 

Par Chérif Alassane Lahi Diop « Sibt Sâhibou Zamâne », 

Analyste politique et économique,

Expert en Commerce et Management des Affaires Internationales,

Secrétaire Général de Vision 129.

Écrit par: soodaan3

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