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EXTRAIT DE L’OEUVRE : LE DIGNE HERITIER

today17 août 2022 18 4

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Issa mu ndaw

Vers 1876-1877 naquit le premier fils d’Al Muntazar Seydina Limamou Lahi (psl) alors qu’il était lui-même âgé de 33 ans. L’enfant prodigieux naquit avec deux inscriptions : l’une sur le dos l’autre sur le thorax, exprimant la même chose « Issa Ruhu Lahi ».

Alors que son père avait l’intention de lui donner le nom de Mandione comme promis à son ami fidèle Mandione Diène, il se résigna à accepter la volonté divine et à lui donner ce nom provenant du Seigneur. Tel fut le premier miracle accompli par le futur héritier d’Al Muntazar. Sa mère Fatima Mbengue était lébou, originaire de Yoff, de la tribu des Waneer. Ya Fatimata-tâhir, comme l’appellera plus tard son époux Seydina Limamou Lahi, montrait à suffisance sa moralité irréprochable.

En 1884 (1301 hégire), alors qu’il était âgé de sept ans, son père lança un appel à l’endroit des hommes et des djinns pour l’adoration du Seigneur. Il se proclama ainsi le prophète de l’humanité Muhammad (psl) revenu sous une autre apparence, celle de Cham. Bien avant cet appel, son père l’avait confié à Tafsir Ndiaga Gueye pour son initiation à l’apprentissage du Coran. C’est ce même Tafsir Ndiaga Gueye qui dira aux Yoffois confus par le mutisme de Limamou Lahi, suite au décès de sa mère, de prendre un exemplaire du Coran et de le mettre sur la poitrine de ce dernier durant toute une nuit pour s’assurer qu’il n’est pas possédé par les génies.

A la droite de Mame Seydi se trouve Mame Sellé Thiaw et sur sa gauche : Mame Bamar Guèye

Arrivé au Daara (école coranique) de Tafsir Ndiaga Gueye, Issa mu ndaw comme l’appelait affectueusement son père fut confié à Tafsir Ibrahima Mbengue, futur disciple de son père. Lorsqu’il commença à lui dicter les lettres de l’alphabet coranique, Issa ne pouvait suivre au-delà de la troisième lettre « mîm » sans s’évanouir. Après trois essais, Tafsir Ndiaga Gueye ramena Issa mu ndaw chez son père en lui racontant la scène. C’est alors que le Saint Maître Seydina Limamou Lahi fit une prière qu’il souffla sur sa tête et lui dit à trois reprises : « Issa mu ndaw, tu dois apprendre le Coran car quelqu’un dont le destin est de diriger le monde doit chercher la connaissance ». C’est après cela qu’il commença réellement à apprendre le Coran et, par la suite, les autres formes de connaissance auprès de Tafsir Ndiaga Gueye. Il maîtrisa le Coran à l’âge de 7 ans.

Le samedi 10 septembre 1887, alors qu’il était âgé entre neuf et dix ans, les persécutions coloniales contre son père avaient commencé depuis quelques mois déjà. Les délégués de l’intérieur des deux capitales Dakar et Saint-Louis se transmettaient régulièrement courriers et rapports. Le Serigne Ndakâru d’alors du nom de Diali Beukeu s’était porté garant auprès des Français pour faire la médiation entre ces colons et Limamou Lahi (psl) pour qu’il laissât partir ses disciples et arrêtât d’appeler les gens comme le veulent les Français. Ce fut au moment où Limamou leur rétorquait que cet appel était un ordre divin, qu’Issa mu ndaw passait près de l’assistance. Il le saisit alors, le souleva et le porta sur son épaule avant de déclarer : « Je sais que je mourrai quand le terme sera venu, mais si je meurs avant d’avoir accompli ce que Dieu m’a ordonné, ce garçon achèvera mon œuvre. ». C’est en cette journée du 10 septembre 1887 qu’Issa mu ndaw fut désigné officiellement l’héritier du trône de Dieu.

Les avertis commencèrent à prêter attention à cet enfant qui est, selon son propre père, destiné à accomplir de grands exploits. Son père continua son œuvre, remplissant avec zèle la mission prophétique dont il avait la charge. L’héritier en devenir poursuivit son enfance et son adolescence dans la discrétion et la soumission aux préceptes de son père.

Cette déclaration ou prophétie de son père Seydina Limamou Lahi (psl) soulevait beaucoup d’interrogations dans l’assistance et animait les discussions dans les concessions de la presqu’ile du Cap-Vert. Les uns se posaient des questions sur l’opportunité de cette déclaration qui, selon eux, ne faisait que confirmer la folie de Limamou Lahi. En effet, pour cette première catégorie, la déclaration de Limamou était inopportune car le Serigne Ndakâru ne lui avait pas posé de questions sur son fils mais était plutôt venu pour éviter que la fureur du colon ne s’abattît sur Limamou et sur toute la population de Yoff.

Pour d’autres, l’heure était à la prudence et surtout à la vigilance sur cet héritier qu’on venait de désigner.

Enfin, le troisième groupe constitué de disciples de Limamou Lahi alliait embarras et fierté. Ils étaient un peu embarrassés car ils seraient la risée de tous leurs ennemis si, pour une raison ou une autre, Issa mu ndaw ne pouvait plus être l’héritier de Limamou. Il aurait pu mourir avant son père, exilé par ces mêmes colons, etc. Toutefois, ils étaient également fiers car ils voyaient l’assurance avec laquelle leur guide Limamou prophétisait les événements futurs actés par le Seigneur.

La vie suivait son cours, Issa mu ndaw alliait études, travail (notamment l’agriculture) et adoration du Seigneur, comme le voulait son père. C’est ainsi que vers 1906, son père Limamou (psl) décida de donner en mariage l’une de ses sœurs du nom de Aïssatou (dite Aïta Sène Lahi). Issa mu ndaw s’offusqua alors de ce qu’il considéra comme un manque d’égards du fait que son père ne l’en avait pas tenu informé. Sans en parler directement à son père, Limamou (psl) apprit quand même ce mécontentement de son fils et le fit appeler : « j’ai appris que tu t’offusques d’une décision que j’ai prise sans t’informer. Sache que deux béliers ne peuvent boire dans un même abreuvoir en même temps. Sors de ma maison et ne reste ni à Yoff, ni Cambérène, encore moins à Dakar », lui dit-il.

Extrait Digne héritier – Chapitre 1
Ibrahima Abou SAMB

Écrit par: soodaan3

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