DOCUMENT

EXTRAIT OPTIQUE SUR ALMUNTAZAR : Le nom originel : « Laay »

today21 décembre 2022 158 1

Arrière-plan
share close

Le nom originel : « Laay »

Un jour il demanda à ses disciples :

Si vous achetez un esclave au marché, quel patronyme lui donnerez-vous ?

– Le nôtre !

– Pourquoi ?

– Afin de montrer à tout le monde qu’il nous appartient désormais.

– Alors qu’en est-il de Dieu à qui nous appartenons tous ? Ils étaient alors dans l’impossibilité de répondre à une telle interrogation. Limamou renchérit :

– Si nous sommes tous les esclaves de Dieu, il nous est profitable d’abandonner nos patronymes et de prendre celui de Lahi en guise de reconnaissance et de soumission.

Cela fut fait comme il l’eut dit. Il fut le premier à abandonner son patronyme Thiaw et demanda à tous ses adeptes de se nommer Lahi à partir de ce jour. Limamou Thiaw devint Limamou Lahi, sa communauté devint ahlou-lahi, son lieu de prière baptisé Diama-lahi.

En réalité, le patronyme Lahi est plus un instrument de réconciliation. Il s’agit de la réconciliation de l’homme avec son Seigneur par le truchement de l’adoption d’un nom dérivé du nom d’Allah. Il s’agit ici de rendre à Dieu ce qui est à Dieu, en d’autres termes, reconnaître d’être des serviteurs de Dieu, une reconnaissance exclusive.

En marge de cette dimension spirituelle, la dimension sociale de cette révolution réside dans l’abandon des noms patronymiques qui symbolisaient des inégalités et classes sociales hissant des cloisons infranchissables que l’islam authentique ne reconnait pas.

Ce qu’il faudrait préciser, de prime abord, est que la salutation par salam n’a pas été abrogée par Seydina Limamou Lahi (psl). Il y a adjoint « LAHI Moukhtar » pour régler un problème social qui était une bombe à retardement et qui obstruait la cohésion des hommes. Cet obstacle est l’utilisation de noms patronymiques lors des salutations. Cette coutume constitue une marque d’orgueil (pire maladie du cœur) et l’occasion de rabaisser son prochain lorsque son nom évoque une lignée d’esclaves ou de castes. Notre Maitre, Maitre de tous les temps, a su par la connaissance de Dieu que ces noms patronymiques, dont nous sommes les héritiers, étaient des manifestations de cultes païennes, pour ne pas dire sataniques, en l’Egypte antique. Pour corriger ce mal, il nous demande, lui le plus savant des créatures, d’abandonner ces noms ainsi que ce qu’ils représentent. Une telle science ne saurait émaner que de Dieu, c’est tout le sens de « Wama yantihu anil hawa in huwa illa wahyun yuhaa » (il ne parle pas de son propre chef, ceci n’est qu’une inspiration de notre part).

D’ailleurs dans la Bible peut-on voir : « …Jésus vint ; alors que les portes étaient verrouillées, et il se tint au milieu d’eux et dit : paix à vous. »

Ainsi, la salutation par salam a existé avant Muhammad (psl) et n’a pas été abrogée par la suite. La Bible semble corroborer cette thèse de Cheikh Anta Diop_ « Quand Israël était jeune, je l’ai aimé et j’ai appelé mon fils à sortir hors d’Egypte. Chaque fois qu’on leur donnait des conseils, ils détournaient leurs visages. Ils faisaient des offrandes à Baal et offraient des sacrifices aux statues ». On voit aisément que Baal est ici décrit comme un dieu égyptien alors que dans la société sénégalaise actuelle, il y est un nom patronymique que portent certains al pulars.

L’absurdité de ces cloisonnements sociaux est à tout point de vue. Nous sommes tous des fils d’Adam et d’Eve. Comment quelqu’un peut-il croire qu’il est supérieur à son frère de même père et de même mère sur la base de ses liens de sang ?

C’est surement la raison pour laquelle le Prophète (psl) disait : kullu kum min Adam wa Adamu min tourab_vous provenez tous d’Adam et celui-ci provient de la terre. Pourquoi le Seigneur a-t-il choisi la terre parmi les quatre éléments sinon pour nous enseigner l’humilité. Malheureusement, beaucoup de communautés religieuses n’ont pas réussi cette mission fédératrice, n’ont pas réussi à se départir de leurs logiques de castes conservées par ces mêmes familles religieuses. Ainsi, Seydina Limamou constitue une exception en la matière en ce qu’il allie théorie et pratique. Dans sa communauté, lui et sa progéniture n’hésitent pas à prendre comme épouse des femmes de lignées de castes ou les femmes de se marier avec des hommes de castes. Ces considérations sont devenues désuètes depuis que le Mahdi (psl) a abandonné son patronyme pour adopter et faire adopter par ces disciples celui de Lahi.

En adoptant cette philosophie de Seydina Limamou Lahi, un Noir dans les ghettos des USA n’appellera pas seulement son concitoyen Noir comme lui « frère », mais utilisera le même mot « frère » pour tous les hommes de la terre qu’ils soient Blancs, Rouges, Jaunes ou Noirs. C’est assez paradoxal que les USA qui sont présentés comme modèle de la liberté et d’égalité soient en même temps l’épicentre du racisme. Un autre paradoxe peut être constaté dans les pays arabes, berceau de l’islam, où les noirs subissent le racisme au quotidien. Et si le monde adoptait cette affiliation universelle proposée par le réformateur de ces temps-ci ?

En définitive, nous sommes sept milliards de voisins, sept milliards de cousins, sept milliards de frères. Il n’y a pas de plus paresseux que celui qui veut s’exonérer de ses devoirs en termes de travail, de piété, d’ascension sociale et spirituelle, en prenant comme prétexte ses liens de sang « inna akramakum inda-Lahi atqaakum_le meilleur d’entre vous est celui qui est le plus pieux ». Ainsi, de par son enseignement, le Mahdi « remplit la terre de justice et d’équité telle qu’elle était remplie d’injustice et d’iniquité ».

Ce sentiment d’égalité poussé à l’extrême devrait avoir comme répercussion un changement de paradigme sur le plan administratif. Nous irions vers une administration de service en lieu et place de celle de commandement dont nous disposons actuellement (au Sénégal). Gouvernants et gouvernés, disciples et marabouts, riches et pauvres, se regarderaient et traiteraient d’égal à égal. D’après les témoignages de ses compagnons, la serviabilité du Saint Maitre était incommensurable « …un jour, alors qu’ils se reposaient après le travail, le vieux sage s’approcha d’eux et les salua. Ils lui rendirent le salut. Il leur fit savoir qu’il sollicitait de l’aide pour fendre du bois. Aussitôt, Limamou Thiaw se leva et se porta volontaire. Limamou était connu pour sa serviabilité envers hommes, femmes, vieux et enfants. C’est lui qui faisait la cuisine pour ses pairs pendant leur voyage en même temps qu’il était leur imam aux heures de prière. ». L’autorité devrait avoir le sentiment qu’elle est au service de son peuple. Cette conception est encore beaucoup plus légitime lorsqu’on est pensionnaire des contribuables, donc un employé du peuple et non son maître.

EXTRAIT OPTIQUE SUR ALMUNTAZAR
Ibrahima Abou SAMB

 

Écrit par: soodaan3

Rate it

Commentaires d’articles (0)

Laisser une réponse

Votre adresse email ne sera pas publiée. Les champs marqués d'un * sont obligatoires


0%
Restez informé des nouvelles publications en activant les notifications...! OK Non