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PORTRAIT – Chérif Ousseynou Laye :

today8 mai 2016 336 1

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Foi de la jeunesse layène

Il y a sept ans, Chérif Ousseynou Laye, homme de Dieu et un homme des hommes, quittait la vie terrestre. De teint clair et d’apparence élancée, il était un marabout qui savait combiner esthétique et éthique. Avec une prestance unique, il était le docteur de la jeunesse. Entre lui et  les jeunes, il y avait une complicité qui s’est solidifiée au fil du temps. Ses prêches, sa philosophie et ses conseils sont encore d’actualité. Retour sur la vie d’un «médecin» au chevet de la jeunesse !

Chérif Ousseynou Lahi

Il incarnait à la fois, le beau, le bon et le pieux. Il fut un sage  et non un marabout des temps modernes. C’était un homme élancé. Tantôt, il avait les allures d’un président ou d’un gentleman. Tantôt, il incarnait le Chérif dans tous ses états et son apparence. Ou d’un simple guide au milieu de ses disciples. Il se muait en fonction des besoins, des lieux et des milieux. Ce fils de Seydina Issa Rouhou Laye et Safiétou Niang  illuminait la vie  des gens qu’il côtoyait. Avec un parcours  riche et diversifié, il a mené divers combats comme son dévouement et son amour à la jeunesse. Même après son départ vers l’autre monde, il continue de vivre dans le cœur des gens. Certes son rappel à Dieu fut un choc difficile à surmonter, mais son enseignement et ses valeurs résistent encore à l’effet temps. 7 ans après.

Après avoir étudié le Coran pour aller ensuite approfondir ses études en théologie à l’université de Al Quaraouiyne au Maroc en 1964, ce pionnier infatigable, parcouru les quatre coins du globe pour vulgariser les enseignements du Mahdi Seydina Limamou Lahi et du retour tant attendu du fils de la Vierge Marie. A travers une série de conférences annuelles au Sénégal comme à l’étranger (Usa, Italie, Espagne, France), Chérif Ousseynou prêchait pour l’unité des Peuples, la tolérance religieuse, le dialogue des religions et des cultures.

«Baye Ousseynou fut un père pour nous»

Son imposante demeure à Yoff Layène, jouxtant le cimetière Diamalaye et la plage de Yoff, reflète  la vie de l’homme  qui y a vécu. Peint en bleu et en blanc, ce lieu accueille plus de jeunes que d’adultes. Le maître des lieux y avait «des rendez-vous de prêches, de zikr, de discussions ou simplement de goûter avec ses les enfants», se souvient tristement Khady Laye, qui faisait partie de ces jeunes qui l’ont côtoyé vers les années 1996. Aussi loin qu’elle se souvienne, Khady, gorge nouée par l’émotion, tente de raconter ses rencontres avec Chérif et ses amis. «Les jeudis et les vendredis furent toujours des moments de dégustation. Après la prière du vendredi, il nous attendait dans la grande cour pour qu’on fasse du Zikr et  bénéficier de sa générosité», raconte-elle. Toujours dans sa narration, le regard fixé vers le ciel pour tenter de retenir ses larmes, cet «enfant» de Chérif parle de cette relation unique qui le liait  à l’ami de Michael Jackson : «Vous savez, quand il ne se sentait pas bien, il faisait venir les enfants dans son immense petit palais pour qu’on lui fasse des Zikr. Lui en bon Layène s’adonnait à ces chants tout en chœur avec nous.» Parfois, dit-elle, il improvisait un débat et nous faisait découvrir les réalités de la vie sous un ton amical et familier. Pour elle, Chérif Ousseynou Laye n’était pas un marabout qui utilisait son statut pour dicter ses lois. Loin de tout cela, il se comportait en bon père de famille. «Vers les années 1997, sa belle demeure fut notre terrain de jeu où il nous surveillait du haut de son balcon», renchérit-elle. «Pour le respect du voisinage et l’instauration de la paix dans la commune de Yoff, il nous avait demandé de transformer nos Dahira  en «Thé débat» pour ne pas déranger les autres et ne pas utiliser des baffles, seulement  de magnifier à haute voix le nom d’Allah»,  dévoile Khady. Il était  plus qu’un guide  religieux, il était une idole et fidèle compagnon d’une jeunesse qu’il a su façonner conformément aux recommandations de son  grand-père, Mame Limamou Laye, Chérif Ousseynou était ainsi l’initiateur du mouvement international, Farlu Ci Dine Ji (la persévérance dans les pratiques religieuses). Au-delà de ces pratiques  religieuses, le marabout entretenait  une relation unique avec les jeunes.

Eternel «Docteur de la jeunesse»

Entre lui et les jeunes, c’est une longue histoire d’amour, d’enseignement et de tolérance. Loin du radicalisme, l’intellectuel prêchait en toute modestie et sympathisait avec ses «patients». Il redonnait de l’espoir à ceux qui n’en avaient plus, faisait sourire ceux qui l’avaient perdu et remettait sur le droit chemin ceux qui s’en détournaient. Il ne prescrivait pas de médicaments ou de perfusions. Seules ses paroles sages et douces réconfortaient l’esprit de ses «patients». «Il avait une capacité d’écoute et une pédagogie très adaptée à l’endroit des jeunes», se rappelle Libasse Diop, chargé de protocole de Chérif Ousseynou Laye. En quoi faisant ? «Il analysait leurs problèmes  et en même temps leur donnait des solutions très possibles». «Il leur disait : habillez-vous comme vous voulez, marchez comme vous voulez, mais, je veux le chapelet dans votre poche à tout instant»,  rapporte Libasse Diop. Il explique que ces paroles  constituaient  pour le marabout une philosophie de vie et soulevaient des questionnements à la philosophie importante qui se construit derrière ce chapelet. «Avec un chapelet en poche, les jeunes auront en tête le devoir d’accomplir les  cinq prières quotidiennes. S’ils arrivaient à respecter ces cinq prières, forcément ils respecteront tous les exigences qui vont avec, ils ne peuvent que faire du bien, répétait l’homme au teint clair. Sans s’en rendre compte, il «transformait le jeune qui était à la dérive» sans utiliser des «méthodes  drastiques», mais le pacifisme et l’intelligence dans les idées. «Il faut toujours se marier par amour»

De son vivant, Il subvenait aux besoins des jeunes financièrement et matériellement. «Il recommandait aux autorités de donner des stages aux jeunes diplômés. Et ils finançaient même leurs études», se souvient un fidèle disciple du Chérif. Il écrase quelques larmes. La nostalgie de son maître l’étreint.

Dieu est Amour ! C’est ce en quoi  il croyait fermement. Baye Ousseynou, comme l’appelaient ses fidèles, était contre les mariages forcés. Oui, dans son monde, rien n’était plus beau  et plus prometteur que l’amour. Son chef de protocole se souvient qu’il encourageait les jeunes filles à se marier à travers ses mots : «il faut toujours se marier par amour, parce que Dieu est Amour. Si vous vous mariez par amour, vous avez mille chances de fonder un foyer et de devenir un responsable respecté et respectable.» Mais il a aussi donné aux femmes une place magistrale à travers les différentes cellules nationales et internationales de Wagnou Seydina Issa Rouhou Lahi (Ndlr: la cuisine de Seydina Issa Rouhou Lahi). Il est aussi l’initiateur de l’Appel de la jeunesse célébré chaque 25 décembre qui était une occasion pour lui de communier et d’échanger avec la jeunesse, mais aussi de la guider vers la bonne direction.

«Etre Layène ce n’est pas une identité mais une philosophie»

Il fut un Chérif qui n’hésitait pas à se prononcer sur les questions d’actualité. En 2006, il fut le «premier  au Sénégal  et dans le monde, à avoir fait un discours sur les dangers de l’immigration clandestine et demandait aux jeunes de s’engager séance tenante à ne plus emprunter les pirogues de fortune pour aller vers l’étranger», raconte Libasse Diop. Pour cet habitué des banlieues parfumées de Fez, du calme plat du Boulevard Pereire à Paris, du 5th Avenue et des rues chaudes de Harlem, l’étranger n’avait pas de secret pour lui. «L’extérieur n’est pas un eldorado mais le contraire», affirmait-il.  Ce qui constituait un moyen pour Baye Ousseynou d’attirer l’attention des jeunes sur les fléaux qui sévissent dans la société. Face à cette réalité, il appelait les jeunes à promouvoir les valeurs comme le «ngoor le joom, le kersa» et la confiance en soi. Il disait : «talibé Baye Laye dafaay gueun bopam» (Ndlr : un disciple de Seydina Limamou Laye doit avoir une confiance en soi). Ceci dans le but de les booster à travailler dur pour «éviter de tendre la main». Sa conviction était qu’être «Layène» n’est pas seulement une identité mais, c’est une philosophie.

Que reste-t-il de son héritage ?

Que reste-t-il de son héritage? Libasse Diop soutient qu’il est entretenu par les jeunes. Il dit : «Sa philosophie n’est pas tombée dans l’oreille d’un sourd. Dans toutes les confréries du pays,  les jeunes ont pris le flambeau en créant des Dahiras, des écoles, des restaurants du cœur… » Il informe qu’il est le créateur du concept des restaurants du cœur. «Il prônait cette idée des restaurants du cœur  et l’avait posée comme acte fort avec l’avènement de ces resto  à Yoff», dit-il, en soutenant que le «Docteur» de la jeunesse leur a légué une «foi incommensurable.» Il a toujours prôné la persévérance et la solidarité. «Ensemble organisons, ensemble nous allons réussir, ensemble corrigeons nos erreurs pour parfaire nos comportements», répétait-il. Si ses conseils sont pris en compte, «il n’y aura plus de dégradation des mœurs et  d’incivisme».

Disparu le mercredi 1er  Juillet 2009, le père de la jeunesse repose depuis ce jour auprès de son père, Seydina Issa Rohou laye.

Par: Mbayang Sarr FAYE – Seneweb.com 

Écrit par: soodaan3

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