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«L’HISTOIRE DES LAYENES» ”1839 – 1949″ : LE RALLIEMENT DES PREMIERES HEURES

today5 février 2023 338 1 5

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Le ralliement des premières heures

Le premier disciple d’Al Muntazar fut Momar Binta SAMB, un lébou de Yoff (35).

  • Parmi les femmes, ce fut son épouse Fatima Mbengue.
  • Parmi les jeunes, ce fut Mouhamed Diagne
  • Parmi les esclaves, ce fut un nommé Abass
  • Parmi les autorités, ce fut le juge et imam Ababacar Sylla.

Le kadi Ababacar Sylla, grand imam de Dakar

A cette époque, Ababacar Sylla avait déjà assumé à Dakar, pendant quatorze ans, la fonction de juge (chef du tribunal musulman) et 22 ans celle d’imam de la grande mosquée d’alors (rue blanchot).

Il est né vers 1827 dans le village de Koundia, et est plus âgé que Limamou de plus de 15ans. A l’âge de 7ans, alors qu’il était encore à l’école coranique, il se vit en songe, s’asseoir avec le prophète Mohamed (psl) sous un arbre. Ce rêve se réalisera 3ans après l’appel de Limamou Lahi (psl) (36).

Vers 1861, il fut nommé imam de Dakar, une fonction qu’il cumula avec celle de juge islamique. C’est vers 1877 qu’il rencontra pour la première fois Limamou au cours d’un contentieux concernant les populations de Yoff et pour lequel il devait trancher. Comme le tribunal refusait du monde, Limamou resta dehors s’appuyant contre un arbre. Dès que Thierno Ababacar Sylla entra dans la salle, il ne pouvait plus se concentrer, voyant un homme dont la tête effleurait le ciel et les pieds s’enfonçant sous terre. Il crut d’abord qu’il était victime d’un ensorcèlement par les mis en cause du jugement et dut suspendre l’audience afin de faire des prières de désenvoutement.

Revenant à l’audience et constatant l’inefficacité de ses prières, il comprit que ce n’était pas le fait d’un ensorcellement et décida d’aller à la rencontre de ce jeune homme fort discret et plein de mystères. Il lui demanda son nom et ceux de ses parents avant de se lier d’amitié à lui. C’est à ce jour que leur compagnonnage débuta.

Dès que le Saint Maître de notre temps, Limamou Lahi, se manifesta au grand jour, il crut en lui et attesta la véracité de sa mission. Sa foi en la mission de Limamou entraîna une réaction des notables de Dakar qui le destituèrent de ses fonctions de juge et d’imam. Mais cette destitution lui importait peu du moment qu’il était devenu disciple du Saint Maître, celui que tous les croyants voudraient découvrir.

Il envoya son épouse auprès de Limamou; elle portait sur son dos Fatimata. Son fils, Abdoulahi Sylla, encore enfant, était avec elle pour lui tenir compagnie. Derrière eux, suivait Mouhammad Sylla encore tout petit. Abdoulahi Sylla (37), était en âge de raison, capable de mémoriser tout ce qu’il entendait.

Ce mois de ramadan là, la lune apparut le jour du mercredi, on jeûna le jeudi. Le vénéré homme dirigea la prière de la Korité pour les gens de Dakar, un vendredi, puis se rendit le soir en visite au Mahdi (psl), accompagné du plus âgé de la famille, Moukhtar Ndoye, son oncle maternel, d’Abdou Diagne, de Housseynou et de Makhtar Ndoye Mundaw (le petit), surnommé ainsi car étant le plus petit parmi ses homonymes.

Il avait déclaré lors de son sermon « Le mahdi que tout le monde attendait est apparu, il nous est avantageux d’aller vers lui car quiconque lui tourne le dos est dans un égarement manifeste ».

Avec tous ceux qui l’accompagnaient, ils entrèrent dans la maison du Mahdi (psl), la nuit, après le crépuscule, mais avant la prière de guéwé (al icha). Il se soumit à lui avec toute sa suite et le Mahdi (psl) lui donna le Wird, alors qu’auparavant il était moukhaddam tidjâne. Il avait reçu ce wird tidjâne d’Ahmadou Kane demeurant à Sakal, mais originaire du Fouta. A son arrivée Limamou lui dit : « O Ababacar, toi qui a pris l’habitude de confirmer mon appel, tu es revenu »

Tafsir Ndické Wade fait également parti des premiers compagnons. Il était un grand érudit et un marabout de renommé, originaire de Gandiole (St Louis). Après plusieurs années à guetter son apparition, il en était arrivé à se demander s’il n’était pas lui-même le Mahdi attendu. Lorsque Seydina Limamou Lahi (psl) lança son appel et que la nouvelle lui parvint, il décida de venir vérifier l’information par lui-même. Alors qu’il était en route, Seydina Limamou fut informé de son arrivée par son Seigneur.

Tôt le matin, les compagnons de Seydina Limamou savaient déjà que quelque chose allait se passer car le Saint Maitre n’avait pas la même attitude qu’auparavant. Il faisait les cent pas comme s’il était préoccupé par quelque chose ou qu’il attendait quelqu’un impatiemment. Après quelques heures sous cette atmosphère, on vit Tafsir Ndické accompagné de ses disciples; une arrivée majestueuse. Aussitôt qu’il arriva, Seydina Limamou, sans dire mot, souffla dans sa direction et il tomba raide mort.

Il le laissa dans cet état pendant 24h avant de le réanimer en lui posant une question: « Comment un saint homme de ton envergure pourra justifier auprès de ton Seigneur les cinq prières que tu viens d’omettre? ». L’homme comprit que cette puissance ne saurait émaner que de Dieu et fit son serment d’allégeance sur le champ, ainsi que tous les disciples qui l’avaient suivi…

Tafsir Abdoulaye Diallo fut interprète à la gouvernance de Saint Louis, exégète du Coran et l’un des premiers disciples. Après avoir répondu à l’appel de Seydina Limamou, il avait l’habitude d’arpenter les rues de Dakar en demandant aux gens de venir répondre à l’appel du prophète de l’islam.

D’ailleurs, cela fut l’une des raisons pour lesquelles il sera incarcéré par les colons. Il jouera un rôle très important dans sa communauté (38)

Ibrahima Abou SAMB

Notes


(35) Momar Bineta Samb fut le premier disciple de Seydina Limamou. Dès qu’il lança son appel, il alla à sa rencontre et veilla à protéger le Saint Maître. Homme de taille élancée et robuste, il s’installa devant la porte de la chambre où Limamou demeura quelques jours, avant de circuler parmi ses concitoyens. Nul n’osait s’approcher de lui, avec des intentions malveillantes car Momar Bineta était un gaillard bien bâti que personne n’osait affronter.

Parmi les femmes, le premier disciple fut Fatima Mbengue, épouse du Saint Maitre et mère de Seydina Issa Ruhu Lahi. Parmi les autorités, le premier disciple fut le kadi Ababacar Sylla.

(36) Le rêve se réalisa au retour de l’exil de Seydina Limamou. Ils s’assirent tous les deux sous cet arbre pour se reposer.

(37) Auteur de deux ouvrages sous forme de témoignages sur a vie et l’œuvre de Seydina Limamou Lahi (psl). Voir la bibliographie

Écrit par: soodaan3

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