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PROFESSEUR ASSANE SYLLA : 12 ans après

today10 août 2024 447 8 5

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Toujours dans les cœurs

Louanges à Allah qui est à l’origine de toute création, et qui de par sa volonté, nous éprouve parfois par la perte de proches chers inoubliables. Que ses grâces et bénédictions soient sur le meilleur des hommes Seydina Mouhamed (PSL) ainsi que sur sa famille et ses compagnons. Le 10 août 2024 marque le 12ème anniversaire du rappel à Dieu d’un homme multidimensionnel, le professeur El Hadji Assane Sylla, disciple et Moukhadam de Seydina Limamou Lahi (psl). Disparu, mais toujours présent dans le cœur des membres de sa famille et de par ses œuvres qui sont toujours d’actualité.

Fils de Mame Maty Gueye et d’Alioune Sylla, disciple de Seydina Limamou Lahi (psl) et cadet de Thierno Mbaye Sylla, le professeur Assane Sylla vit le jour le 19 Septembre 1928 à Dakar. Il apprit le Coran auprès de vénérés maitres coraniques. Et fit ses études d’abord au lycée Van Vollen Hoven (actuel lycée Lamine Gueye) où il rencontra un de ses professeurs qui détermina son choix vers la philosophie bien qu’ils étaient en divergence sur certaines de leurs idées. Il passa par la suite à l’école normale William Ponty et termina ses études supérieures à Grenoble et à Paris en mathématiques, physique et lettres.

La pertinence de ses œuvres vient peut-être de ce cursus réussi avec brillance, qui lui a permis d’avoir une méthodologie cartésienne et rigoureuse. Méthodologie qu’il s’est toujours imposé au sein de sa famille. En effet, il était remarquable dès son enfance de par sa droiture, son sens de la responsabilité, et son dédain pour les futilités et bavardages inutiles. C’était un homme au grand cœur, d’une modestie exemplaire. Il était discipliné, très à cheval sur ses principes et très organisé. On retrouve aussi chez lui cette bienveillance envers sa famille au sens large du terme.

C’est peut-être cela qu’a tôt détecté son père qui avait en lui une confiance totale. En effet, son frère germain pape Baye Seydi Sylla, m’a raconté que leur père laissa la clé de son coffre à Assane Sylla et lui confia la gestion de la dépense quotidienne au moment d’effectuer son pèlerinage à la Mecque ; mission qu’il assura avec équité, malgré son jeune âge, 19 ans.

Mon père me raconta lui-même qu’un jour, alors qu’un groupe de ceux qui construisaient la mosquée de Cambérène partaient chez Seydina Issa, il les rejoignit. Et lorsqu’on voulut lui présenter à ce dernier, il leur répondit : « Serigne Assane mou ndaw mi, kham naako bou bakh » le jeune Serigne Assane, je le connais bien). C’est alors qu’il s’est dit en lui qu’il avait peut-être une grande destinée.

Il aimait souvent raconter des anecdotes sur Seydina Issa et on sentait sa joie quand il le faisait. Il avait une grande affection, un respect inconditionnel et un dévouement total envers toute la famille de Mame Baye Laye aleyhi Salatou wa Salam.
C’est ainsi que Mame Babacar Lahi ibn Seydina Limamou (qui est son cousin) le lia d’amitié avec Imam Sakhir Gaye Imam Ratib de Yeumbeul son co-missionnaire dans la voie du Mahdi, au point qu’il fut donné instruction que tout écrit concernant la communauté soit validé par Imam Sakhir si c’est en Arabe et Par Assane Sylla si c’est en français.

Ma mère m’a relaté qu’à l’issue des élections présidentielles de décembre 1963 opposant l’UPS (union progressiste sénégalaise) du président Senghor et l’un des partis de l’opposition PRA-SENEGAL (Parti du regroupement africain-Sénégal) dont le professeur Assane Sylla était membre, il y’avait de très fortes tensions. Après cela, presque tous les membres du PRA furent recherchés et arrêtés. Et peu avant cela, comme s’il l’eût pressenti, Mame Babacar Lahi ibn Seydina Limamou Lahi fit appeler mon père et fit des prières pour lui, ainsi personne ne pût mettre la main sur lui, le jour des faits.

Après la fusion de ces deux partis, Senghor les fit entrer dans le gouvernement. Au tout début de la grève de Mai 1968, lorsqu’il constata que le discours d’apaisement qu’il avait préparé ne fut pas adopté, et avec la tournure que prirent les évènements, il préféra démissionner de son poste de chef de cabinet du ministre de l’éducation de l’époque.

Ndiaga Makhtar laye Dia ibn Yaye Seynabou bint Seydina Ababacar Lahi dit qu’un jour, alors qu’il l’accompagnait chez Serigne Abdoulaye Thiaw ibn Seydina Issa Rouhou Lahi, celui-ci les reçut et dit : « Khamnga lane motakh nga nekh ma Assane, Da ngay doundeul diiné dji, té doo ko doundé » tu sais pourquoi je t’admire Assane, tu fais partie de ceux qui font vivre la communauté, sans rien attendre en contrepartie, si ce n’est l’agrément divin. C’est la raison pour laquelle, il le voulait toujours à ses côtés lors des cérémonies religieuses.

On remarque ainsi dans ses ouvrages cette mise en avant de l’identité wolof, l’appel à la fierté africaine. Et cela, pour en partie, enlever les préjugés qui engendrent chez certains un complexe d’infériorité envers les blancs et les arabes. Mon père, un jour, m’a raconté pendant la campagne électorale de 2008, à la suite de laquelle Barack Obama fut élu président des Etats-Unis que c’est Seydina Limamou Lahi (psl) qui disait que : « Ngir sama der bou nioul bi nguene ma wédi wé, Yalla dina deugeureul der bou nioul ba kilifay adina bi neka ay boroomi der you nioul », pour dire que puisque c’est à cause de ma peau noire que l’on me renie, Dieu élèvera la peau noire, au point que les dirigeants du monde seraient des gens de couleur noire. Le reniement du Mahdi vient en partie de la couleur noire de sa peau, comme Seydina Limamou Lahi aleyhi Salam disait : « Baniou niouma daniou ma khamoul damay gane bouniou seenoo bountou keur ma diaar sa poot ga, Limamou ya béta réew mi ». Il est en fait venu dans un peuple que certains jugent inférieur et donc non méritoire de ce trésor de Dieu. Alors que c’est Dieu qui décide de la répartition de ses faveurs.

Cette valorisation de la culture africaine, plus précisément sénégalaise se retrouve surtout dans son ouvrage La philosophie morale des wolofs, publié lors de la soutenance de sa thèse de doctorat d’Etat ès-Lettres en 1976. Il y montre entre autres, la richesse de la langue wolof à travers les proverbes qui sont en fait une technique psychologique éducative, mais aussi le culte du courage, le sens de l’honneur et de la dignité. En somme le culte de la valeur morale chez le peuple wolof qui coiffe et régit toutes les autres valeurs que l’esprit humain a pu développer telles que l’esthétique, les sciences positives (ou sciences exactes) et la religion, comme mentionné dans ledit ouvrage. L’organisation de la société wolof et nos proverbes transmis par nos ancêtres par oralité sont le fruit de l’existence de cette philosophie plus orientée vers la valeur morale que les penseurs blancs nous refusent. Et de là, il s’adopta le principe du passage de l’oralité à l’écriture pour ainsi perpétuer ce riche héritage culturel aux générations futures. Il transcrit ainsi un recueil de pensées et poèmes philosophiques wolof en quatre tomes.

A la suite de travaux avec d’éminents intellectuels sénégalais sur l’adoption d’un alphabet wolof en caractère latin, Il publia un ouvrage nommé « Ijib Wolof » sur l’apprentissage de la lecture en langue wolof et un autre sur l’apprentissage de l’écriture wolof Jemmentu diangambindoum wolof . Sa thèse de 3ème cycle en philosophie porte sur le déterminisme et finalité chez Bergson. Sa thèse de 3ème cycle en philosophie porte sur le déterminisme et finalité chez Bergson.

Par la suite, l’écrivain qu’il était publia plusieurs livres et articles où on détecte toujours la méthodologie scientifique.
Son ouvrage le Mahdi, co-écrit avec Imam Sakhir Gaye revêt aussi une solennité importante, inspiré des hadiths sur le Mahdi et de nombreuses recherches effectuées aux archives nationales sénégalaises et françaises. Ainsi, dans les correspondances que l’administration coloniale se transmettait, on n’y voit une confirmation que c’est Seydina Limamou Lahi (psl) qui s’est lui-même auto-déclaré prophète, et non ses successeurs comme le pensent certains.

Il publia plusieurs articles dans la presse locale à chaque fois que nécessaire pour apporter des réponses concernant la véracité de l’appel de Seydina Limamou et l’importance de ses enseignements ; articles regroupés dans son ouvrage le soleil de l’occident.
Et son ultime œuvre qui fut une première, est la traduction du coran en langue wolof en caractères latins, qu’il effectua en se basant sur les traductions d’Imam Mouhamdou Sakhir Gaye, de cheikhal Islam Baye Niass et d’autres exégètes.
(On peut retrouver la liste de ses ouvrages et publications dans l’article publié par mon frère Babacar Sylla sur le site Senenews).
Le passage le plus marquant de son existence quant à la communauté reste pour moi son voyage avec son neveu Serigne Mouhamadou Bachir ibn Mame Babacar Lahi en Iran en 1984.

En effet, l’ayatollah Khomeini avait envoyé une invitation à toutes les familles religieuses pour laquelle les autorités du pays étaient réticentes vue la guerre Iran-Irak qui sévissait à l’époque (22 septembre 1980 – 20 août 1988). Mais le courageux Khalife de l’époque Baye Seydi Thiaw Lahi ibn Seydina Mandione les envoya répondre à l’invitation. Serigne Bachir raconta à Sanga Mamadou Lamine Lahi Thiaw ibn Mame Babacar Lahi qu’à leur arrivée, ils furent très bien accueillis et on leur fit porter un turban noir sur lequel il est écrit en blanc : « Ahlane wa Sahlane ya Imamoul Mahdiyou » bienvenue à l’Imam Mahdi, comme pour confirmer les propos du prophète qui disait que le Mahdi aurait des hommes de Dieu qui l’assisteront et vulgariseront son appel.

C’est ainsi que s’est déroulée la vie de ce Moukhadam de Seydina Limamou Lahi aleyhi Salatou wa Salam (c’est lui qui m’a offert le wird des partisans de Dieu) qui a soutenu la cause du Mahdi, et qui a toujours était bienveillant envers sa famille, avec le soutien de ses épouses dévouées ma mère Ndiémé Ndiaye, Amsatou Paye et Oulimata Ndoye. Nous n’allons pas terminer sans remercier pour la contribution les témoins de son histoire cités plus haut, ainsi que ses sœurs Badiane Fatou Sylla, Badiane Ndeye Sylla, Badiane Rokhaya Sylla et Badiane Oumy Sylla. Je remercie aussi ma cousine Mame Maty Diouf et ma sœur Ndeye Binta Sylla pour la relecture. Nos pensées et prières vont aussi l’endroit de ses sœurs disparues Badiane Soda Sylla et Badiane Khady Sylla.

Que l’Eternel puisse pérenniser la multiplication de ses bienfaits dans sa demeure, et qu’il nous en fasse bénéficier par la grâce du devancier des bien-guidés, le messager de Dieu Mouhamed (Paix et Salut sur Lui, sa famille et ses compagnons).

Tamsir Ndické Sylla
fils du professeur
Assane Sylla

Écrit par: soodaan3

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