CHRONIQUES

TRIBUNE DU VENDREDI N°124 : Un appel à l’engagement communautaire au sein des Ahloulahi

today8 septembre 2023 209 1 5

Arrière-plan
share close

Un appel à l’engagement communautaire au sein des Ahloulahi

La problématique du renouvellement et/ou de la construction des infrastructures pour notre communauté est une question très sérieuse qui a besoin d’être mieux prise en charge surtout à l’heure actuelle. En effet, lors de la précédente édition du Gamou à Yoff (en 2022), la pluie a failli interrompre la cérémonie dans la mesure où l’espace entre les bâches attachées côte-à-côte a laissé passer des gouttes d’eau. Cela a entrainé des risques d’électrocution en présence d’installations électriques (pour la sono, l’éclairage, etc.) ainsi que des supports (tubes en fer) servant à soutenir les bâches. Heureusement que la cérémonie a pu prendre fin sans aucun heurt majeur. Le même scénario s’est encore produit ce 5 septembre 2023 à l’occasion de la commémoration du rappel à Dieu du troisième Khalif El Hadji Seydina Issa Lahi. C’est cela qui a motivé, à travers cette tribune, la nécessité de lancer un appel à toute la jeunesse pour prendre nos responsabilités et soutenir les efforts de notre communauté en ce moment où elle a plus que jamais besoin de nous.

Depuis que la communauté Ahloulahi a été créée par le saint maitre Seydina Limamou Lahi (asws), elle a posé des actes qui ont influencé d’autres communautés religieuses ; autrement dit, elle a été la communauté sur qui on copiait, la communauté qui inspirait le reste de la oumma islamique en d’autres termes.

D’ailleurs, Seydina Limamou Lahi (asws) a été le premier à réserver un espace pour les femmes dans ses mosquées. À l’époque, cela été décrié de toutes parts, mais aujourd’hui tout le monde l’a copié dans ce sens. Ainsi, dans chaque mosquée érigée dans ce pays, il y a un espace séparé, exclusivement réservé aux femmes. Il (asws) fut aussi, le premier à recommander à ses disciples le port d’habits de couleur blanche ; ce qui symbolise l’hygiène, la propreté et la pureté dans les pratiques culturelles et cultuelles dans la communauté Ahloulahi. Cela donnait, jadis, une particularité à sa communauté par rapport aux autres dans la mesure où la couleur blanche était devenue le premier indice pour reconnaitre les disciples du saint-maitre. Certains esprits de moindre lumière pouvaient même s’en donner à cœur joie pour se moquer d’eux, allant jusqu’à les assimiler à des « toor-toor » (oiseaux avec un plumage de couleur blanche). Pourtant, aujourd’hui, tout le monde a encore facilement copié le port vestimentaire propre aux Ahloulahi surtout pendant les cérémonies religieuses du pays à telle enseigne qu’il devient de plus en plus difficile de faire le distinguo entre les disciples de Seydina Limamou Lahi et les autres. Quand, le premier Khalif et successeur du fondateur, Seydina Issa Rohoulahi (as) a pris l’initiative de construire une mosquée moderne à Cambérène, il s’est assuré d’en faire un bijou et les gens de l’époque pouvaient venir de partout pour venir admirer ce chef-d’œuvre. L’architecture dessinée par Seydina Issa Rohoulahi (as) avait fini par inspirer nombre d’édifices religieux érigés dans ce pays. Et la liste des actes posés dans cette communauté et ayant inspiré d’autres communauté est loin d’être exhaustive.

Autre chose, c’est quand Seydina Issa décida en 1947 d’entreprendre la construction de la mosquée de Yoff Layène. Il avait insisté pour qu’elle fût complètement financée par les disciples de la communauté Ahloulahi. C’est pourquoi, il n’avait pas hésité à décliner poliment la trébuchante contribution de Alfred Goux alors maire de Dakar. El Hadji Momar Marème Diop avait marqué tous les esprits en contribuant à hauteur de 100 mille francs, une forte somme à l’époque. Seydina Issa touché par cette démonstration de générosité de fidèle disciple descendant du « Seriñ Ndakaaru » Dial Diop lui avait, alors, promis un grand pouvoir qui se matérialisa plus tard quand le Président Senghor reconnut officiellement Momar Marème Diop comme étant le « Grand Seriñ de Dakar » tout en l’adoubant du titre de « Chef Supérieur de la Collectivité ».

Ce dernier titre avait d’ailleurs fait de Momar Marème Diop le Chef, mieux encore, le Roi incontesté des Lébous de la Presqu’ile du Cap-Vert. Ce qui confirma bien sûr la promesse de Seydina Issa Rohoulahi (as). Plus tard, sous le califat du deuxième Khalif Seydina Mandione Lahi, une instance chargée d’organiser les cérémonies et de conduire les chantiers de la communauté a été mise en place : il s’agit le Groupement Central. Cette instance a, à son actif, la construction du préau de Yoff Layène et celui de Cambérène. Quand il a été question de reconstruire la maison principale du Khalif Seydina Mandione Lahi à Cambérène pour en faire une maison en dur, les fidèles de la communauté n’ont ménagé aucun effort pour financer le projet à la suite de la contribution de ce deuxième Khalif. Ensuite, une école coranique moderne a été créée à Cambérène par le Khalif Seydina Mandione qui la confia à Oustaz Magoum Keur. Le mausolée de Seydina Limamou Lahi à Yoff et celui de Seydina Issa ont été aussi reconstruit avec des bâtiments en dur en remplacement des barraques toujours grâce au concours des fidèles.

Quand, sous le magistère du troisième Khalif Baye Seydi Thiaw Lahi, il a fallu rebâtir la mosquée de Cambérène, il a donné l’exemple en étant le premier à mettre la main à la poche, suivi par les fidèles du village qui, avec ceux habitant dans les autres localités (Dakar, Yoff, Yeumbeul, Thiaroye, Malika, etc.) ont rivalisé d’ardeur pour apporter leur contribution. Il en fut de même pour la construction du mausolée de Seydina Mandione. Sous le califat de Seydina Mame Alassane Lahi (quatrième Khalif), le mausolée de Seydina Limamou Lahi (asws) a été complètement reconstruite. Pour ce faire, après avoir enregistré la grosse contribution du Khalif et de toute la famille du saint-maitre, les fidèles ont apporté en masse leur participation pour la réussite du projet. C’est avec ce même financement interne que les activités et cérémonies religieuses (commémorations du rappel à Dieu respectifs des califes ou « Ñaan », fête de Korité, célébration de l’anniversaire de l’Appel de Seydina Limamou Lahi, etc.) ont été organisées dans la communauté Ahloulahi.

C’est donc vous dire que la communauté n’a jamais tendu la main ailleurs et n’a jamais attendu d’aide venue d’ailleurs ; elle a toujours recouru au financement interne, à l’autofinancement pour réaliser ses différents projets. À l’époque, les fidèles ne disposaient que de leurs maigres revenus issus globalement de la pêche, des activités agricoles et du commerce. Pourtant, ils étaient très disposés à mettre la main à la poche pour répondre à l’appel du devoir et contribuer au rayonnement de notre communauté. Au cours de l’histoire, il y a eu plusieurs bienfaiteurs au sein de la communauté. Parmi eux, il y a le célèbre et généreux donateurs Baye Iba Faye de Cambérène qui a toujours dépensé sans compter pour contribuer au financement des activités et projets de la communauté. Il y a aussi El Hadji Seydina Issa Lahi Diop (ancien secrétaire particulier du troisième Khalif) qui, à titre d’exemple, distribuait des centaines de mètres de tissus de couleur blanche et des denrées aux fidèles en prélude à la commémoration de l’Appel de Seydina Limamou (asws) et tant d’autres. Plus récemment à notre époque, il y a feu Omar Niasse Lahi que tous appelaient « le bienfaiteur de Diamalaye » en ce sens qu’il a eu le mérite d’embellir davantage le mausolée du saint-maitre avec des formes adaptées à notre époque et des accessoires de dernière génération (carreaux en marbre, lustres, décorations, etc.) Il a été suivi dans ces largesses par le jeune disciple communément appelé « Mara » qui ne ménage aucun effort pour l’embellissement du lieu le plus important de notre communauté. Il convient de préciser que la liste est loin d’être exhaustive.

Entre temps, des associations comme Vision 129 sont nées depuis le milieu des années 2000 et s’activent afin de doter la communauté de moyens et de matériels logistiques pour une meilleure organisation et une meilleure coordination des cérémonies religieuses (Ñaans, korité, tabaski, Appel, etc.).

Aujourd’hui, notre communauté s’est beaucoup agrandie avec le temps, ce qui a rendu certaines infrastructures structurelles trop petites ou inadaptées ou vétustes voire inexistantes pour d’autres. Alors, à ce niveau vous conviendrez que c’est ce geste, cet acte de générosité légendaire qu’El Hadj Momar Marème Diop avait fait en son temps et qui a été suivi par d’autres à sa suite (comme expliqué précédemment) que chacun de nous autres, jeunesses Ahloulahi, devra emprunter. Oui ! nous avons besoin d’au moins MILLE El Hadj Momar Marème Diop dans sa détermination, son efficacité, sa rapidité, sa générosité et son esprit de « talibé » dévoué, très prompt à servir sa communauté et à contribuer volontairement pour financer les projets et le développement de la communauté du meilleur de la Création.

Mais, nous avons aussi besoin de jeunes très engagés comme ceux de Vision 129, ou de « Xadra Bi » ou de « Ahloul Kiraam », ou encore de « Baye Laye Bakh na » pour porter cette dynamique de financement participatif avec comme objectif principal soutenir la communauté Ahloulahi dans tous ces projets. Et à ce propos, le premier projet à financer est l’obtention de chapiteaux grand format adaptés à la dimension et à la configuration du lieu sacré de Diamalaye qui est le cadre de la quasi-totalité de nos manifestations religieuses. D’ailleurs, Baye Seydi Sarr (neveu du Khalif et responsable de la commission Logistique) tend la main à tous les fidèles soucieux du développement de la communauté en les invitant à soutenir le Projet « Diamalay Kéral ».

Parlant des mérites et récompenses prévus pour ceux qui dépensent sur le sentier d’Allah, le Coran disait :

{ مَّثَلُ ٱلَّذِینَ یُنفِقُونَ أَمۡوَ ٰ⁠لَهُمۡ فِی سَبِیلِ ٱللَّهِ كَمَثَلِ حَبَّةٍ أَنۢبَتَتۡ سَبۡعَ سَنَابِلَ فِی كُلِّ سُنۢبُلَةࣲ مِّا۟ئَةُ حَبَّةࣲۗ وَٱللَّهُ یُضَـٰعِفُ لِمَن یَشَاۤءُۚ وَٱللَّهُ وَ ٰ⁠سِعٌ عَلِیمٌ }

« Ceux qui dépensent leurs biens dans le sentier d’Allah ressemblent à un grain d’où naissent sept épis, à cent grains l’épi. Et Allah multiplie la récompense à qui Il veut et la grâce d’Allah est immense, et Il est Omniscient ». [Sourate AL-BAQARAH: 261]

Par Chérif Alassane Lahi Diop « Sibt Sâhibou Zamâne »,
Analyste politique et économique,
Expert en Commerce et Management des Affaires Internationales,
Secrétaire Général de Vision 129.

Écrit par: soodaan3

Rate it

Commentaires d’articles (0)

Laisser une réponse

Votre adresse email ne sera pas publiée. Les champs marqués d'un * sont obligatoires


0%
Restez informé des nouvelles publications en activant les notifications...! OK Non