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TRIBUNE DU VENDREDI N°44 : Que retenir de Seydina Mame Alassane Lahi, 4ème Khalif des Ahloulahi ?

today3 septembre 2021 47

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Une personnalité hors du commun

Ce mardi 30 Muharram de l’an 1443 (7 septembre 2021) coïncide avec le même mardi 30 Muharram de l’an 1422, date à laquelle nous quittait le quatrième Khalif à la tête des Ahloulahi, Seydina Mame Alassane Lahi ibn Seydina Mandione. De sa vie pleine d’enseignements, nous retenons plusieurs points qui méritent d’être mis en exergue pour inspirer cette génération et les suivantes.

D’abord, Seydina Mame Alassane appartient, du côté maternel à la lignée des « Seriñ Ndakaaru ». En effet, sa mère Sokhna Fatou Lahi Diop est la fille de Mame Malick Diop fils du Seriñ Ndakaaru Dial Diop 2 dit Dialy Beukeu Paye ; ce qui confère à Seydina Mame Alassane ses origines princières au sein de la communauté Léboue de la Presqu’île du Cap-Vert. Ensuite, du côté de son père Seydina Mandione Lahi, il est le descendant du Saint-Maître Seydina Limamou Lahi Al Mahdi (asws). Son père le confia à son frère ainé, le premier Khalif Seydina Issa Rohoulahi (as) qui lui enseigna le Coran et lui transmit les nobles caractères propres à la famille du meilleur des hommes.

Dans sa jeunesse, Allah lui montra en rêve la future accession de son demi-frère Baye Seydi Thiaw Lahi au califat de leur grand-père (asws). La première chose que fit Mame Alassane est d’aller demander à sa mère Sokhna Fatou Lahi Diop de prier pour que le moment venu, il soit le premier serviteur de son grand-frère. Quand il fut en âge d’être formé dans un métier, il fut confié à son oncle qui l’initia au métier de maçon. Il convient de souligner que dans la famille du Saint-Maître, en plus de former les membres aux sciences religieuses, il était obligatoire d’avoir en parallèle un métier pour ne pas dépendre des « adiyas » venant des disciples.

C’est pourquoi Mame Alassane pratiqua très tôt son métier de maçon pour vivre à la sueur de son front. Cela lui permit de participer à la construction de nombreuses infrastructures datant de l’époque coloniale notamment l’autoroute Seydina Limamou Lahi (asws), la tour de contrôle de l’aéroport international Léopold Sédar Senghor de Yoff, la mairie de Dakar, etc. Sans oublier la construction des mausolées de Seydina Limamou Lahi (asws) à Yoff et de Seydina Issa à Cambérène qu’il construisit de ses propres mains du temps de son illustre père Seydina Mandione.

Allah l’avait très tôt doté de la faculté de voir ses prières exaucées très rapidement. Et les gens venaient de partout le retrouver à son domicile de Yoff pour bénéficier de ses précieuses prières. Pourtant cela ne l’empêcha guère de continuer à pratiquer son métier de maçon alors qu’il aurait pu tout avoir auprès de toutes ces autorités et personnalités de l’époque qu’il aidait.

La disparition de son père Seydina Mandione Lahi (dernier fils vivant du Saint-Maître) marque un tournant décisif dans l’histoire des Ahloulahi.

En effet, en tant que dernier fils vivant du Saint-Maître, la disparition de Seydina Mandione permit l’accession des petits-fils au califat du Mahdi. Et son fils ainé Baye Seydi Thiaw, un homme inconnu de la plupart des fidèles (contrairement à ses jeunes frères Seydina Abdoulaye, le porte-parole émérite et Seydina Mame Alassane) fut choisi pour tenir les rênes du califat. Pour lever toute équivoque, Mame Alassane fut le premier à renouveler son allégeance auprès du nouveau Khalif, son frère ainé El Hadji Seydina Issa Lahi et s’engagea à être à son entier service durant tout son califat (16 ans).

De la même manière que leur père avait suivi son frère ainé Seydina issa Rohoulahi, Mame Alassane accompagna son frère dans sa mission sans jamais afficher ou réclamer un privilège quelconque. En 1987, suite à la disparition de son frère ainé dont il dirigea la prière mortuaire, Mame Rane Lahi accéda au califat. Il s’attela à perpétuer l’œuvre et les enseignements de son vénéré grand-père en insistant à chacune de ses prises de parole sur le respect strict des préceptes islamiques. Il n’hésitait pas à emprunter un discours rigoureux très souvent quand il remarqua que la dépravation des mœurs issue d’un moderne envahissant et incontrôlable atteignait des proportions alarmantes. Son amour pour son défunt grand frère Baye Seydi Thiaw fait qu’il l’avait suivi toute sa vie durant et ne faisait rien sans avoir son aval.

En ce qui concerne Serigne Ablaye, ce fut un secret de polichinelle que Seydina Mame Alassane l’aimait plus que tout au monde plus que sa propre vie même. Il n’aurait pas hésité à donner sa vie pour que Serigne Ablaye lui survive ! La preuve quand il fut informé que Serigne Ablaye et ses troupes de dahiras étaient attaqués en Casamance par les rebelles du MFDC, sa première réaction à chaud était qu’on le conduise de suite sur les lieux. Plusieurs fois, sous son califat, il est allé rejoindre Serigne Ablaye pour lui tenir compagnie au cours des « Jangui fédération » qu’il animait chaque samedi un peu partout dans ce pays. L’exemple le plus important est cette fois où portant les mythiques turbans noir et blanc, symbole du califat, Mame Rane fit le périple jusqu’aux fins fonds du Walo pour y retrouver son frère et ami. Il le remercia vivement et formula d’ardentes prières en versant de chaudes larmes qui ont ému toute l’assistance. Concernant ses plus jeunes frères qui auraient pu être ses enfants du point de vue de la différence d’âge qui le séparait d’eux, on pouvait dire qu’il les craignait. Pour la simple raison qu’il les traitait et s’adressait à eux avec tellement d’égard qu’on aurait pu penser qu’il était leur serviteur. Et il en faisait de même pour les plus jeunes descendants du Saint-Maître (asws).

A l’époque, nous étions très jeune mais il prenait le temps de nous recevoir et passait du temps avec nous avant de nous filer quelques billets de cinq mille ou dix mille francs [avant dévaluation du franc CFA]. En agissant de la sorte avec tous les membres de la grande famille du Saint-Maître sans distinction d’âge, Mame Alassane montrait à quel point il aimait et respectait Seydina Limamou Lahi (asws) ; amour et respect qu’il transposait donc sur sa descendance. Ce pays lui doit beaucoup pour sa stabilité et la paix régnante. A l’occasion des divergences entre le président Abdou Diouf et son farouche opposant Abdoulaye Wade nées des élections de 1988, Mame Rane n’avait pas hésité à aller rencontrer l’un et l’autre pour tuer dans l’œuf une crise qui aurait pu mener ce pays dans un gouffre insurrectionnel. Plusieurs fois, à l’occasion d’événements augurant des lendemains chaotiques, El Hadji Abdoul Aziz Sy Dabakh a fait une déclaration publique à la radio ou la télé nationale pour demander à Seydina Mame Alassane et ses frères de prier pour la paix au Sénégal.

Pour résumer, la personnalité hors du commun de Seydina Mame Alassane, le patriarche de la grande famille Ahloulahi, nous rappelons sa célèbre et singulière invocation qu’il avait commencée à formuler bien avant d’être Khalif et que plus personne n’a répété après :

« Yàlla maa ngi lay ñaan lep loo nara tek ndjabootu Maam Baay Laahi [ci tiis, ak njaxxaré wala fébar] nga tek ma ka man Maam Alasaan ».

L’un des signes montrant que « As Samiu Dua » l’avait exaucé est que Mame Alassane traina avec lui toute sorte de maladies toute sa vie durant comme c’est le cas pour les hommes de Dieu.

Nous prions Allah de le rehausser en grade auprès de son vénéré grand-père (asws).

Par Chérif Alassane Lahi Diop « Sibt Sâhibou Zamâne »,
Analyste politique et économique,
Expert en Commerce et Management des Affaires Internationales,
Secrétaire Général de Vision 129.

Écrit par: soodaan3

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