CHRONIQUES

TRIBUNE DU VENDREDI N°83 : LA GRATITUDE

today10 juin 2022 37

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Une obligation d’ordre divin

La gratitude est la reconnaissance pour un service, pour un bienfait reçu ; un sentiment affectueux envers un bienfaiteur. (Le Larousse)

Elle consiste, d’abord, à reconnaitre et apprécier le bon acte ou la bonne parole d’un bienfaiteur, et à exprimer ses remerciements pour rétribuer sa bienfaisance ensuite.

Par opposition, l’ingratitude traduit le manque de conscience ou de reconnaissance après que quelqu’un nous a apporté son soutien, son aide ou un quelconque service. Il en résulte que la personne ingrate ne ressent pas le besoin d’exprimer sa reconnaissance ensuite.

La gratitude se décompose en quatre types :

  • La gratitude d’Allah envers Lui-même ;
  • La gratitude qu’Allah éprouve envers le serviteur qui Lui est fidèle et dévoué ;
  • La gratitude du serviteur envers son Créateur, Allah Tout-Miséricordieux ;
  • La gratitude mutuelle entre les fidèles.

Concernant la gratitude envers Allah, Ibn Al-Qayyim (rta) la définit comme suit :

«La gratitude consiste à exposer les effets des bienfaits d’Allah :

– par la langue à travers l’éloge et la reconnaissance

– par le cœur à travers le témoignage et l’amour

– par les membres à travers la soumission et l’obéissance.» (Extrait de Madaaridj as-Salikine : 2/246).

Pour ce qui est de la gratitude entre les croyants, le Khalif bien-guidé, Omar ibn Abdoul Aziz (rta) nous conseillait : «Rappelez-vous mutuellement les bienfaits car s’en souvenir est une marque de gratitude.»

Or, de nos jours, la gratitude qu’elle soit envers le Seigneur, ou entre les fidèles est tellement négligée qu’elle parait même inexistante. En effet, les gens de cette époque, dans leur plus grande majorité, on tendance à oublier tous les bienfaits, tout le soutien et tous les services et actes de solidarité que leur prochain fait en leur faveur. Au moindre changement de situation, l’homme peut facilement retourner sa veste et n’hésite guère à adopter une posture hostile envers son bienfaiteur, allant jusqu’à devenir son premier ennemi. Mais pire encore, l’homme oublie tous les bienfaits de son Seigneur en feignant d’ignorer le contrat d’adoration exclusive qui le lie à Lui (swt), en négligeant Ses commandements, en s’éloignant de Lui et en persistant dans le péché.

Généralement, il y a trois catégories de personnes concernant l’appréciation des bienfaits :

  • Celle qui est reconnaissante et qui ne manque pas de rendre grâce à Allah ou remercier son prochain pour tout bienfait à son endroit ;
  • Celle qui est ingrate et qui ne les mentionne jamais ;
  • Celle qui, après avoir reçu des bienfaits du Seigneur ou de son prochain, juge qu’elle le mérite, et ne ressent donc pas la nécessité de dire merci.

Il y a aussi cette autre catégorie qui peut encore être ajoutée : la personne qui n’affiche sa reconnaissance que lorsqu’elle reçoit un bienfait. Celle-là, tant qu’elle ne juge pas avoir reçu de [nouveau] bienfait, oublie tous ceux reçus dans le passé, et se garde de ressentir le besoin d’être reconnaissant.

Pourtant, Allah accorde une importance capitale à la manifestation de gratitude. D’ailleurs, nombreux sont les passages du saint livre où Il nous encourage en ce sens. À titre d’exemple, Allah nous recommande ceci :

«Ô [vous] les êtres humains ! Rappelez-vous du bienfait d’Allah envers vous ! Existe-t-il, en dehors d’Allah, un créateur qui, du Ciel et de la Terre vous attribue votre subsistance ? Point de divinité à part Lui ! Comment pouvez-vous vous détourner [de cette vérité] ?» (Coran 35/3)

Dans un autre verset, Allah aborda l’obligation pour l’homme d’être aussi reconnaissant envers ses parents :

«Nous avons commandé à l’être humain [la bienfaisance envers] ses père et mère. Sa mère l’a porté [subissant pour lui] peine sur peine : son sevrage a lieu à deux ans. ‘Sois reconnaissant envers Moi ainsi qu’envers tes parents. Vers Moi est la destination.» (Coran 31/14)

Au verset 152 de la sourate Al Baqara, Il rajoutait :

«Souvenez-vous donc de Moi, et Je vous récompenserai. Remerciez-Moi et ne soyez pas ingrats envers Moi !».

Et dans un autre verset :

«[Mentionne] lorsque votre Seigneur a proclamé : ‘Si vous êtes reconnaissants, très certainement, J’augmenterai [Mes bienfaits] envers vous. Mais si vous êtes ingrats, Mon châtiment sera terrible’.» (Coran 14/7)

Partant de là, il est clair qu’Allah, dans Son éternelle grandeur, récompense la gratitude de Son serviteur en augmentant Ses bienfaits envers lui ; tandis qu’Il prévoit un douloureux châtiment pour les ingrats.

Allah loua Ses serviteurs reconnaissants à l’image de son premier messager Seydina Noûh (as) :

«[O vous], les descendants de ceux que Nous avons transportés dans l’Arche avec Noûh. Celui-ci était vraiment un serviteur reconnaissant.» (Coran 17/3)

Par ailleurs, c’est en considération de toute l’importance qu’Allah accorde à l’expression de la gratitude de la part de Ses serviteurs, d’une part, et la nature humaine très peu reconnaissante dans la grande majorité, d’autre part, que Iblis sembla lancer ce défi au Seigneur Tout-Puissant :

«Alors, je les assaillirai de devant, de derrière, de leur droite et de leur gauche, et pour la plupart, Tu ne les trouveras pas reconnaissants.» (Coran 7/17)

La réponse du Très-Haut fut tout simplement mentionnée dans le verset suivant :

«Sors de là, [dit Allah], banni et rejeté ! Quiconque te suivra parmi eux…de vous tous, J’emplirai l’Enfer !» (Coran 7/18)

Il n’est donc pas nécessaire de préciser tout le danger et tout risque qu’encourent les personnes ingrates envers leur Seigneur. Aussi, partageons-nous avec vous, cet enseignement plein de sagesse de l’Imâm Abû Hâmid Al-Ghazâlî qui soutenait, dans son ouvrage intitulé «L’Apaisement du cœur » traduit de l’arabe par Hédi Djebnoun dans «Revivification des sciences de la religion» (aux Editions «Al-Bouraq») :

«Parmi les devoirs qui incombent à l’homme envers Dieu, le premier est l’action de grâce. Celle-ci peut être d’ordre exotérique- elle consiste à agréer ce qu’on a reçu- ou ésotérique ; cela équivaut dans ce cas à contempler les bienfaits divins. Or celui qui n’observe pas les commandements divins ne pratique nullement l’action de grâce ; de même, celui qui ne respecte pas ses engagements avec Dieu ne peut prétendre garder un lien avec Lui. Soyez donc reconnaissants envers Lui pour les bienfaits qu’il a déposés en vous !

Les hommes aveugles et plongés dans l’inadvertance demandent à Dieu qu’Il renouvelle sans cesse Ses faveurs, alors qu’ils ne L’ont jamais remercié lorsqu’Il leur a donné… ».

En définitive, l’homme doit toujours exprimer sa reconnaissance, d’abord, envers Allah, ce Seigneur Bon et Miséricordieux, dans la mesure où, comme le rappelle le Coran :

«Il vous a accordé énormément de bienfaits, certains apparents, certains cachés.» [sourate Louqman/20]

Et ces bienfaits dont Il nous gratifia sont tellement nombreux qu’il est totalement impossible de les énumérer. Comme exemple, il y a le don de la vie, les biens, la richesse, le pouvoir, la force, la connaissance, la sagesse, le savoir-faire, le don, la bonne santé, la descendance, la bonne naissance, l’honneur, etc. La liste étant de loin non-exhaustive.

Ensuite, l’homme doit aussi être reconnaissant envers son prochain qui lui a rendu service.  Car les bienfaits qu’Allah nous accordent, Il nous les fait parvenir par la main, par le fait d’autres parmi Ses serviteurs. C’est pourquoi, le messager (asws) nous enseignait :

«Ne rend pas grâce à Allah celui qui ne rend pas grâce (ne remercie pas) aux gens». (Rapporté par Ahmed et At-tirmidhî et Abû dâwud avec une chaîne authentique).

Se rappeler les bienfaits, peut aider à renforcer davantage les liens qui nous unissent. Car ce rappel nous permet de pouvoir mieux se comprendre et se pardonner entre nous, d’accepter les défauts et lacunes de l’autre, de l’assister à notre tour et de maintenir la cohésion sociale.

Et c’est forts de tout cela, que la famille et les sympathisants du troisième Khalif des Ahloulahi, El Hadji Seydina Issa Lahi communément appelé «Baye Seydi Thiaw Lahi Sangoup Jamono» ont décidé, en 2002, d’initier une journée de prières et de remerciements en l’honneur de ce père, ce patriarche, ce guide, dont les bienfaits, le soutien et les services rendus à la communauté Ahloulahi, à la collectivité Léboue et aux siens sont restés à jamais indélébiles dans la mémoire de ses contemporains. Et, par la même occasion, cette journée est une action de grâce pour gagner la face d’Allah qui nous a donné ce grand homme d’une dimension exceptionnelle. Cette année 2022 marque donc les vingt ans de cette journée religieuse et sera célébrée à Yoff le 17 juin sur la Rue Baye Seydi Thiaw Lahi. Elle sera un hommage au regretté Khalif, Cherif Abdoulaye Thiaw ainsi qu’à son défunt fils Chérif Ousseynou Lahi dit «Ouz» et feue Adja Soda Lo, épouse dévouée de Baye Seydi Thiaw Lahi.

Par Chérif Alassane Lahi Diop « Sibt Sâhibou Zamâne »,
Analyste politique et économique,
Expert en Commerce et Management des Affaires Internationales,
Secrétaire Général de Vision 129.

 

Écrit par: soodaan3

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