CHRONIQUES

TRIBUNE DU VENDREDI°96 : LE DROIT DU VOISINAGE EN ISLAM

today9 septembre 2022 125 2

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Le droit du voisinage en islam

Le voisin occupe une place importante dans l’enseignement islamique. Déjà, avant l’Islam, la société arabe comme celle wolof donnait une importance capitale à la notion de voisinage. Quand, l’Islam est apparu, il renforça cette importance et enseigna même la manière avec laquelle le voisin doit être traité.

À ce propos, Allah nous ordonnait :
« Adorez Allah et ne Lui donnez aucun associé. Agissez avec bonté envers (vos) père et mère, les proches, les orphelins, les pauvres, le proche voisin, le voisin lointain, le collègue et le voyageur, et les esclaves en votre possession, car Allah n’aime pas, en vérité, le présomptueux, l’arrogant » «Les femmes. V. 36».
Ce verset établit clairement les règles de conduite à suivre par le musulman au sein de la société. L’on voit bien qu’Allah aussitôt après avoir exhorté Ses fidèles à Lui vouer un culte exclusif, leur ordonne de bien agir envers leurs parents, leurs proches sans manquer de citer aussi le voisin (proche comme éloigné).

De même, nombreux sont les hadiths à travers lesquels le messager d’Allah insiste sur les rapports que le musulman doit entretenir avec son voisin qu’il appartienne à la même religion que lui ou qu’il soit parmi les « Ahl al-kitab » (juifs et chrétiens). Dès lors, il convient de préciser que l’Islam distingue trois types de voisins :
• le voisin musulman : il possède le droit du voisinage et celui lié à sa condition de musulman (deux droits) ;
• le voisin musulman avec lequel on partage des liens familiaux : il bénéficie du droit du voisinage, de celui de sa condition de musulman et de celui de la parenté (trois droits) ;
• et le voisin non musulman : il ne bénéficie que du droit du voisinage (un seul droit).
En ce qui concerne le droit du voisinage, Boukhari et Mouslim ont chacun rapporté ceci du messager (asws) : « Gabriel (as) n’a cessé de me recommander d’être bienveillant envers le voisin au point que j’ai cru qu’il allait l’intégrer dans le droit de l’héritage ».

Il apparait clair que même s’il n’a aucun lien de parenté avec nous aussi, le voisin doit être traité avec beaucoup de respect et d’égard. De manière plus détaillée, le droit du voisin tel qu’enseigné par la religion islamique consiste à bien traiter le voisin, l’assister, lui apporter son soutien, couvrir son honneur, préserver ses biens, partager sa joie et sa tristesse, lui rendre visite et le protéger. Il s’y ajoute qu’on doit baisser le regard devant son épouse et ne pas convoiter ce qui lui appartient. On doit aussi faire preuve d’endurance face au tort que nous fait notre voisin. À propos Ahmad (rta) rapporte dans son « Musnad » ce hadith de Abû Dharr (rta) dans lequel le messager disait : « Allah aime trois hommes, et en déteste trois autres ».
Et parmi eux il cita celui-ci :
« Un homme qui a un voisin qui lui fait subir des préjudices et qui les endure, et s’en remet à Allah jusqu’à ce qu’Il y mette fin par la mort ou le départ de l’un d’eux ».

Il va de soi donc que porter atteinte ou faire du mal à son voisin va à l’encontre des valeurs islamiques et remet même en question notre statut de croyant. Or, de nos jours, les gens ont tendance à faire sciemment et en toute impunité toutes sortes de tort à leurs voisins. Par exemple, en engageant des travaux de construction, on voisin peut bloquer le passage sur une allée qu’il partage avec d’autres voisins en y versant un amas de gravats ou de graviers ou de sable, etc. sans même prendre le temps de les prévenir au préalable. Il peut même se permettre d’entreprendre la construction d’une fosse septique sur cette allée qu’il partage avec le reste du voisinage sans leur consentement. Il peut aussi verser ses eaux usées dans la rue en indisposant tout voisin qui devra passer par là pour par exemple aller à la prière. Un autre exemple qui pourrait être donné est le fait que des voisins choisissent délibérément la devanture de la maison de leur prochain pour y verser leurs ordures ménagères au quotidien.

Un autre exemple encore : le fait de se mettre en hauteur à l’étage, ou au balcon pour se pencher et regarder (voire épier) la maison de son voisin, violant ainsi son intimité et celle de sa famille. La nuisance sonore est aussi à inscrire dans ce registre. Il y a donc toute une batterie d’agressions que les gens de cette époque perpètrent à l’endroit de leur voisin tout tranquillement sans même éprouver la moindre gêne. À cela s’ajoute les calomnies trainées dans leur dos. La plupart du temps un voisin peut à la suite d’un rêve ou sur indication des charlatans ou de soupçons quelconques traiter son prochain de « mangeur d’âme » ou d’anthropophage détruisant ainsi sa vie et celle de ses proches.
Or, Boukhari rapportait dans son « Sahih » ces propos de Abû Chouraih (rta) dans lesquels Seydina Mouhamad (asws) soutenait : « Par Allah, il n’est pas un vrai croyant. Par Allah, il n’est pas un vrai croyant. Par Allah, il n’est pas un vrai croyant. » On lui demanda : « Qui est-ce qui n’est pas un vrai croyant ? ». Il répondit : « Il est celui qui n’épargne pas son voisin de ses méfaits ».

Dans une autre version rapportée par Muslim qui cite Anas (rta) le messager nous enseignait : « N’entrera pas au paradis celui dont le voisin n’est pas à l’abri de la conduite blessante. » Dans le même sillage, Abû Hurayra (rta) rapportait : « On demanda au Prophète : Ô Messager d’Allah ! Un tel passe sa nuit en prière et jeûne la journée. Il agit ainsi et donne l’aumône [par ailleurs]. Mais, par sa langue, il porte atteinte à ses voisins ». Le Prophète (asws) conclut : « Il n’y a aucun bien d’elle, elle fait partie des gens de l’enfer ». C’est pourquoi, selon toujours Abû Hurayra (rta) le messager (asws) a dit : « Que celui qui croit en Allah et au Jour Dernier, ne nuise pas à son voisin. Que celui qui croit en Allah et au Jour Dernier honore son hôte. Que celui qui croit en Allah et au Jour Dernier dise du bien ou qu’il se taise ». (Rapporté par Boukhari)

Nous profitons de l’occasion pour rappeler cet extrait du premier sermon du saint-maitre Seydina Limamou Lahi Al Mahdi (asws) qui nous exhorte à être prudent avec ces deux choses qui sont, d’ailleurs, les premiers facteurs de discorde entre voisins : « Méfiez-vous des ouï-dire et des « on a dit que… », car bien souvent ce qu’on raconte et ce qu’on entend ne correspond pas à la réalité. Ne nourrissez à l’égard de vos frères que de bons soupçons. Évitez les mauvais soupçons. Dieu est à l’affût des soupçons de ses serviteurs. »

Nous pensons alors qu’il est temps que l’on retourne à l’enseignement islamique sur le sujet et mieux encore il urge d’appliquer cet enseignement surtout en ce qui concerne nos rapports entre voisins au quotidien.

جعلنا الله واياكم ممن يستمعون القول فيتبعون أحسنه

Par Chérif Alassane Lahi Diop « Sibt Sâhibou Zamâne »,
Analyste politique et économique,
Expert en Commerce et Management des Affaires Internationales,
Secrétaire Général de Vision 129.

Écrit par: soodaan3

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