MEMOIRE & PATRIMOINE : La rue Sadi Carnot rebaptisée Rue Imam Matar Sylla

5 octobre 2025 92

Hommage à un érudit et juge religieux qui a marqué l’histoire de Dakar et de la presqu’île du Cap-Vert

Le Conseil municipal de Dakar-Plateau a officiellement attribué le nom d’Imam Matar Sylla à l’ex-rue Sadi Carnot, en reconnaissance de l’œuvre immense d’un homme de foi, de savoir et de justice. Marie-François Sadi Carnot fut Président de la République française du 03 décembre 1887 au 25 juin 1894, date à laquelle il fut assassiné.

Le Conseil municipal de Dakar-Plateau a procédé, en sa séance du 13 septembre 2025, à la dénomination de plusieurs artères de la commune, dans le cadre d’un programme de valorisation de la mémoire historique locale. Parmi les personnalités honorées figure Imam Matar Sylla, figure emblématique de la presqu’île du Cap-Vert.

Imam Matar Sylla fut, sans conteste, l’un des plus grands chefs religieux de son époque sur la presqu’île du Cap-Vert. Né vers le milieu du XVIIIe siècle, il effectue ses études au Cayor avant de revenir à Dakar aux alentours de 1780. Très vite, il s’impose comme une autorité spirituelle, enseigne le Coran, construit la première mosquée de Dakar (rue Moussé Diop, ex-Blanchot), et institue, à la demande des notables lébous, un tribunal musulman. Il est alors désigné grand imam et cadi supérieur de la presqu’île, un rôle qu’il occupera pendant 47 ans jusqu’à sa mort en 1858.

Le 22 avril 1830, il joue un rôle central dans la signature d’un traité historique avec l’autorité coloniale française représentée par Charles Alexandre Hesse. Ce traité, conclu au nom du roi Charles X, visait à supprimer les droits abusifs sur les échanges entre Gorée et Dakar, afin de restaurer une harmonie durable entre les populations.

Au-delà de ses fonctions spirituelles, Imam Matar Sylla fut également le père de Thierno Mbaye Sylla, président du Tribunal musulman de Dakar pendant plus de deux décennies et imam ratib de la première mosquée de Dakar. Il est également l’aïeul de Seydina Ababacar Lahi ibn Seydina Limamou Lahi (asws) et l’arrière-grand-père de l’actuel Khalif des Layènes, Seydina Mouhamadou Lamine Lahi.

Ce geste du Conseil municipal vise à « rendre justice à des figures historiques méconnues mais fondamentales pour la construction de notre société », selon les termes du communiqué officiel.