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« MANA DEMB MANA TAY » : Sainte Parole de Seydina Limamou Lahi (psl)

today9 décembre 2022 261

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Chap1 : Mana demb mana tay (ce fut moi hier, c’est encore moi aujourd’hui)

D’abord, la majorité des quelques érudits qui étaient au Sénégal, croyaient fermement, comme la majorité des musulmans, qu’aucun prophète ne viendra après Muhammad (psl). De cette conviction sur laquelle ils n’avaient pas l’intention de débattre, naquit l’hostilité des savants à son encontre.

C’est la raison pour laquelle, ceux-ci lui dirent « c’est parce que tu es un illettré que tu oses te proclamer un prophète car si tu étais instruit ne serait-ce qu’un tout petit peu, tu saurais qu’il n’y a pas de prophète après Muhammad ». A ceux-là, il répondit tout simplement « mana demb mana tay- c’était moi hier, c’est encore moi aujourd’hui ». 1

Croire que les références textuelles permettent de vérifier la véracité ou non de la prophétie de Seydina Limamou Lahi est un délire d’intello. Cela est valable pour la croyance d’une manière générale. Lorsque le Seigneur affirme qu’il s’adresse au doués d’intelligence, cela ne veut sûrement pas dire que la rationalité peut suffire à prouver tout ce qui touche à la divinité, à la métaphysique. La prophétie est l’expression principale du divin, le mandant étant intimement lié au mandataire. C’est la raison pour laquelle la principale preuve d’une prophétie est le miracle. Certains oulémas locaux arguent qu’on ne peut se passer des textes car un musulman n’a comme référence que le Coran et la Sounna. Cela est certes vrai mais la déduction qu’on en tire révèle un défaut de culture dans le domaine de la prophétie et une amnésie intellectuelle notoire.

En effet, suivre le Coran consiste à déduire de ce livre les critères distinctifs d’un prophète. Pour le Coran ou les hadiths, ce sont les oulémas qui en font les interprétations. L’œuvre humaine étant par essence imparfaite, il existe toujours une marge d’erreur. D’autant plus qu’il est de notoriété publique que beaucoup de hadiths ne sont pas authentiques et que le plus grand problème des muhadiths est de délier le vrai de l’ivraie dans la science des hadiths. Se conformer au Coran et à la Sunna revient à constater qu’aucun des quatre hulafa u rachidune n’a eu besoin de consulter l’Evangile ou un livre des savants juifs pour vérifier la véracité de la mission du prophète Muhamed (psl). La vérité est que certains furent séduits par les valeurs morales de l’homme d’autres par la consistance de son enseignement. Il faut croire que la croyance siège dans le cœur et non dans l’esprit.

Pendant ce temps, la majorité des savants juifs se focalisaient sur les critères que leurs savants avaient fixés en se basant sur la Bible pour rejeter le prophète Muhamed. Ainsi, ils ne voyaient pas le paraclet dans la personne du prophète Muhamed (psl) pour qui ils relevaient plusieurs incohérences. Ce qui a posé problème en premier lieu fut son appartenance raciale qui était jugée par eux comme une marginalité, une rupture, une nouveauté. Cela était d’autant plus inconcevable que les prophètes antérieurs leur avaient fait savoir qu’ils étaient les élus de Dieu. Même le Coran aborde dans le même sens « ya banii israila uzkuru ni’matiyal latii an ‘amta ilaykum wa inni fadaltukum ‘alal ‘alamina » 2. Ils se sont alors posé la question de savoir depuis quand Dieu les aurait-il destitués ?

Cela explique qu’ils ne l’aient pas pris au sérieux, pour la plupart. Nous devrions nous demander pourquoi l’écrasante majorité des premiers compagnons étaient des illettrés ou au plus des gens qui avaient un niveau d’érudition modeste, si vraiment la prophétie est une question d’érudition ? La réponse est simple : la foi n’est pas une question de raison mais de coeur, quwatul mumine fii qalbihi _(la force du croyant réside dans son coeur) et Cheikh Ahmadou Bamba de renchérir « fal ‘ilmu laa bi kasrati riwaya bal innahu nurunu maa’a diraaya »_(la connaissance n’est pas un exercice de collecte de références textuelles mais plutôt une lumière dans le coeur du pieux ).

Il est regrettable que des savants musulmans se retrouvent dans ce même délire intellectuel dans lequel s’enlisaient les savants juifs à l’avènement du prophète Muhamed. Ont-ils été frappés d’une amnésie intellectuelle ?

Il appert alors que la démarche idoine, si l’on cherche la vérité, est de faire une pause, de fermer les livres et d’écouter Seydina Limamou Lahi (psl). Ainsi disait-il « ‘ulama u yi oublen terei yi diamana dik na »_ O savants, fermez les livres, le Maitre est arrivé ». Si on l’écoute on pourra analyser ses dires d’une manière objective sans commettre l’erreur de se tromper sur la « balance ». Le Coran ne nous a-t-il pas mis en garde « wa sama a rafa’aha wa wada’al mizaane an laa tatghaw fil mizaan »_( Le Ciel c’est nous qui l’avons élevé (en un haut rang) et avons établi la balance, ne vous trompez pas sur la balance ) 3.

C’est dans ce sens qu’il faudra comprendre la déclaration de Seydina Limamou :
« alhamdoulilahi lazii lam yazal 4
Ajiibou daa ‘iyallahi yaa ma’charal insi wal jinn innii rassululahi ilaykum
Mouhamad minal baydi qad aswada 5
Muhammadu naamaa wastayhaza muhammadu 6
Kalay len jaa a al amrul a’zam, kalay len kaay leen nieuw len, dik len jaa a al amrul a’zam 7
wa lilaahil amru, wa li rassuli, wa li ‘izzati wa lilaahil amru 8
Amaroo amar, amar madické fari yaaram dan jaamaa naar ba hesson niul na”9

Il est clair que Seydina Limamou s’est déclaré prophète. Alors intéressons-nous aux critères auxquels on reconnait un prophète d’après la tradition et la sounna. Un seul obstacle sérieux se dresse sur notre chemin à savoir le terme khatam an nabiyyina que certains oulémas traduisent par « dernier des prophètes ». En analysant bien le Coran et la Sunna, on se rend bien compte que cette considération est très critiquable. Certains attribuent au Prophète la déclaration selon laquelle il n’y aura pas de prophète après « laa nabi ba’di ». Considérant qu’il ne peut y avoir de contradiction entre le Coran et la Sunna, il est légitime de se poser des questions. D’une part, il est inscrit dans le Coran que Jésus (psl) reviendra après le prophète Muhamed (psl) ; ce qui remet en cause cette théorie.

D’autre part, qui est plus apte à interpréter les dires du Prophète (psl) que notre mère Aicha qui, consciente de la mauvaise interprétation que l’on fait de cette déclaration, affirma « quluu huwa khataman nabiyina walaa taquulu laa nabiya ba’dahu »_ (dites qu’il est le sceau des prophètes mais ne dites pas qu’il n’y a pas de prophète après lui) 10. Effectivement, elle était consciente que Jésus reviendra, qu’il sera prophète, et que cette interprétation était anti islamique. Il n’y a aucun passage du Coran qui dit que le Prophète est le dernier « akhiri nabiyina ». Même si tel était le cas cela ne constituerait pas un obstacle pour Seydina Limamou Lahi (psl) car il ne s’est pas déclaré un nouveau prophète mais le prophète Muhamed survivant de lui-même.

La balance apte à peser un prophète repose sur trois piliers substantiels 11 : ses valeurs morales, les valeurs prônées par son enseignement et le miracle. Ce dernier critère trouve son importance dans le fait qu’une autorité inférieure ne peut certifier une autre supérieure. Cela est un principe élémentaire en droit appelé parallélisme des compétences. Seul Allah a le pouvoir et la compétence de certifier quelqu’un qui se dit prophète et il ne le fait qu’à travers les miracles. Le miracle est la signature ou le sceau des prophètes que leur envoie le Seigneur pour certifier leurs dires et permettre aux mortels de croire que le message proclamé est de Lui. C’est ce qui rend impertinent de se demander pourquoi untel n’a pas cru en lui si réellement il était prophète.

S’agissant de la moralité de quelqu’un qui se dit prophète, elle s’apprécie d’une manière rétroactive. Le premier réflexe de son peuple devra être d’inspecter sa vie depuis son enfance jusqu’à son âge adulte, en passant son adolescence. Cela leur permettra d’avoir une appréciation objective sur sa moralité.

C’est l’une des raisons pour lesquelles on n’envoie de prophète que « des hommes autochtones » 12, c’est-à-dire qu’on n’envoie pas un prophète à un peuple auquel il est étranger. Si le choix d’un autochtone est une condition de la prophétie, c’est parce qu’Allah veut permettre aux gens de pouvoir vérifier la moralité de leur prophète. Si le prétendant est véridique, on ne pourra l’accuser de menteur à cet instant ; s’il est honnête, on ne pourra l’accuser d’imposteur non plus ; s’il est humble on ne pourra l’accuser de chercher la gloire ou la royauté. Le fait de ne pas pouvoir les accuser de menteur vu leur passé irréprochable est la raison pour laquelle on les qualifie souvent de fou avec comme justification qu’ils auraient perdu la raison.

Quant à la substance de son message comme critère, elle sera développée dans la seconde partie de ce livre. Toutefois, rappelons cette parole biblique : « Méfiez-vous des faux prophètes . . . C’est à leurs fruits que vous les reconnaîtrez …Ainsi, tout bon arbre donne de bons fruits, tandis que l’arbre mauvais donne de mauvais fruits … Tout arbre qui ne donne pas un bon fruit, on le coupe et on le jette au feu …. »13.

Ainsi Walter Vogels 14 se pose la question de savoir si ces fruits font référence à la vie personnelle du prétendant à la prophétie, aux résultats de sa mission ou au contenu de son message. Pour la première, nous lui répondrons que la vie personnelle du prophète Seydina Limamou Lahi est exemplaire. Pour le suivant, il a lui-même donné la réponse lorsqu’à la fin de sa vie, il déclara : « il n’appartient à un messager que de transmettre. Or moi j’ai transmis » 15. Pour la dernière, la seconde partie de ce livre nous y édifiera.

Il y a également une condition formelle et non moins importante qui est la déclaration officielle de sa prophétie (da’wan nubuwa). Elle est une condition de validité et la première chose à vérifier avant de passer aux autres. En effet, le statut de prophète ne se déduit pas. Celui qui est envoyé doit le revendiquer publiquement.

Cette démarche corrigée, il convient de s’attarder sur la réponse de Seydina Limamou (psl) lorsqu’on lui dit qu’il n’y aura plus de prophète après Muhamed (psl) : « mana demb mana tay

EXTRAIT OPTIQUE SUR ALMUNTAZAR
Ibrahima Abou SAMB.

1 Voir également l’histoire d’Ahmadou Kane de Sakal et sa fin tragique.
2 Sourate2 verset48
3 Sourate Ar-Rahman
4 Gloire à Dieu, l’Eternel
5 Muhamad, jadis suscité parmi les Blancs est devenu Noir
6 Muhamad qui s’était endormi s’est réveillé
A Dieu, appartient le pouvoir de décision, la prophétie et la puissance
9 Amar, Madické, Danjama, l’Arabe s’est noirci.

7 Venez à moi, le plus grand avènement est arrivé
10 Dur’ul Mansour
11 Cf Al Mawardy, A’lamun-nubuwah
12 Coran, Yusuf, 109
13 Mt 7,15-20
14 Walter VOGELS. Comment discerner le prophète authentique ? Faculté de Théologie
15 Voir sur les traces d’Al Muntazar, Ibrahima Abou SAMB

Écrit par: soodaan3

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