Portrait

SEYDINA MANDIONE INCARNATION PARFAITE DE LA DROITURE ET DE LA GENEROSITE

today16 août 2020 21 1 1

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Quatrième et dernière partie de notre post sur Seydina Mandione LAHI

Le clou de cette merveille littéraire du poète prolifique El Hadji Mouhamadou Sakhir se trouve dans ces autres vers du poème « Seydi Roohu laay ku la way » parlant de Seydina Mandione :

Moodi gééj gu fees ba di fuur ba njaa àlla yaa ngi ziyaar

Yaa Uxayya nanka ziyaar moodi « zul kiraamati »

Alors la question qui nous a empêché ces dernières semaines de dormir était de savoir de quoi cet océan – dont le poète dit qu’il est tellement plein qu’il devient bouillonnant, et qui caractérise Seydina Mandione – était-il rempli. Or, nous avons constaté avec joie que mettre en exergue l’expression « Moodi gééj gu fees ba di fuur… » revient à répondre inexorablement à la question initiale, prétexte de cet exposé, à savoir «  Qui est Seydina Mandione Lahi ? « ; ce qui équivaut à faire d’une pierre deux coups.

Aussi, pour tenter de saisir le sens de cette expression avons-nous encore effectué un périple à travers l’immense œuvre poétique de Imam Mouhamadou Sakhir, et nous avons constaté qu’il insiste de manière stratégique sur les termes « muñ » (l’endurance), « doylu » (la suffisance), « gor » (parfois « ngor »), « xamxam » (l’érudition), « mat » (la perfection morale), pour qualifier ce valeureux Qutbu Zamâne fils de la meilleure créature d’Allah. Et donc par extrapolation, nous avons déduit que la métaphore « geej gu fees ba di fuur » ne pouvait être rempli que par ces valeurs caractéristiques qui définissent Seydina Mandione Lahi selon El Hadji Mouhamadou Sakhir.

Par exemple dans son poème « Sayfu Laahi » il dit :

Exemple 1:

Baay Manjoon moo am ngënéél, moo doylu, moo muñ moodi gor

Am na xamxam, am « diraaya » ak, mey yu réy booleek karaam

Et dans « Seydi Roohu laay ku la way », il embouche encore la même trompe avec ces vers qui font monter notre bonheur (à nous autres) à son paroxysme :

Exemple 2 :

Am na diine muñ na te moom ngor ga mat na am na ngërëm

Xol ba yaa na mat na Imaam am na ndam « fii taahati »

Pour décrypter le sens réel de ces mots wolof remplis de valeur, nous avons consulté le jumeau intellectuel de Imam Sakhir à savoir le regretté professeur Assane Sylla qui nous « orienta » dans cet ouvrage qui lui servit de thèse de doctorat d’État et intitulé : La Philosophie morale des wolof.

Le professeur lettré doublé de Mouhaddam parmi les Ahloulahi nous y enseigne que :

– « Muñ » signifie être capable de conserver son intégrité, sa loyauté, ses convictions jusque dans l’adversité.

Ainsi, poursuit le Pr Assane, être « muñ », c’est s’armer d’une patience et d’une abnégation au-dessus de toute épreuve. Et en particulier, l’argent et les biens matériels ne peuvent détourner de ses convictions morales quelqu’un qui est « muñ ». On dira de lui qu’il est « goré »

– « gor » qui signifie, du point de vue sociologique, homme libre ne comptant aucun esclave parmi ses ascendants. Mais du point d vue moral, le « gor » est celui qui possède une noblesse de caractère et une honnêteté qui font qu’il se contente strictement de son avoir, si petit soit-il. Le « gor » doit avoir ces 3 comportements

– être « yiiw » : correct et estimable dans son comportement et dans son langage

– être « goré » : honnête et incapable de succomber à la tentation de l’argent et des biens matériels, mais plutôt capable de faire face à ses devoirs sociaux et surtout aux sacrifices qu’ils peuvent impliquer.

– être « maandu » : être capable de résister à la tentation, et par conséquent, mener une vie au-dessus des fautes et péchés qui dégradent l’individu et le rendent indigne de l’estime et de la confiance de son prochain.

– « yaa » signifie large, ouvert et disponible aux autres. Une personne « yaatu » est donc disponible aux autres à tel point qu’il met facilement ses biens à leur disposition.

Après nous être délecté de ce chef-d’œuvre du professeur-muhaddam et en convoquant notre maigre connaissance dans notre langue maternelle nous retenons que dans l’exemple 2 « Al Yeumbeulî » déclare sans équivoque que Seydina Mandione :

– fut un pieux serviteur du Seigneur (« am na diiné ») ;

– il fut aussi un endurant (« muñ na ») et « Allah est avec les endurants » (innal laaha maha çâbirîn) ;

– rien ne pouvait le détourner de ses convictions morales et religieuses : ni argent, ni bien matériel (« ngor ga mat na ») ;

– « am na ngërëm » pour dire qu’il avait les remerciements, la reconnaissance les félicitations. Mais de qui au juste ? Nous dirions sans risque de nous tromper qu’il a les félicitations d’Allah, les remerciements et la gratitude de Seydina Limamou Lahi (asws), de Seydina Issa Rohoulahi (as) et de tous les Ahloulahi.

– « xol ba yaa na » renvoie au fait qu »il était d’une générosité et d’une grandeur d’âme sans commune mesure.

– « mat na Imam » implique qu’il avait toutes les valeurs requises et le niveau suffisant d’érudition pluridisciplinaire pour être l’Imam en chef des Ahloulahi (les partisans d’Allah) après Seydina Limamou Lahi Al Mahdi (asws) et Seydina Issa Rohoulahi « Borom Jamono » (as).

– « am na ndam fii taahati » : il aura le mérite d’avoir suivi de la meilleure des façons les recommandations d’Allah, de son prophète (asws) et d’avoir accompagné (en lui étant entièrement soumis pendant 40 longues années) son frère aîné Seydina Issa Rohoulahi (asws).

Au terme de notre tentative bien prétentieuse et finalement bien modeste (nous l’avouons quand même) de répondre à la question de savoir  » Qui est Seydina Mandione Lahi ? », nous concluons en toute objectivité qu’il est ce « geej gu fees ba di fuur », cet océan de vertus morales et religieuses, cet abreuvoir des assoiffés, cette source intarissable de savoir et de sagesse pour quiconque veut étancher sa soif de savoir et de qualités morales et religieuses. En d’autres termes, Seydina Mandione fut donc l’incarnation parfaite de la droiture, de la générosité, de la piété, de la noblesse de caractère, de l’endurance, de la sagesse, du savoir, etc.

…Manjoona doon Janta moom leeral reewmi ba dem…

Par Chérif Alassane Lahi Diop
Maitre en Analyse politique et économique, chercheur
secrétaire général de Vision 129
[Sur la photo Seydina Mandione (2e Khalif) est en compagnie de deux de ses fils : l’aîné El Hadji Seydina Issa Lahi dit Baye Seydi Thiaw Lahi « Sangoup Diamono » (3e Khalif) et Seydina Mame Alassane (4e Khalif)]

Écrit par: soodaan3

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