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TRIBUNE DU VENDREDI N°134 : L’Unité – socle de la stabilité sociale et politique

today26 janvier 2024 49 2

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L’Unité socle de la stabilité sociale et politique

Le titre de notre présente tribune est le thème central du 144ème Anniversaire de l’Appel de Seydina Limamou Lahi (asws) qui sera célébré les 10 et 11 février 2024.

Ce thème trouve sa pertinence dans le fait qu’il vient dans un contexte marqué d’une part par une campagne électorale déjà très tendue pour la présidentielle de 2024 et d’autre part par les attaques récurrentes d’un groupuscule de salafistes contre la communauté soufie pourtant largement majoritaire dans le pays. Aussi, les résultats issus des ateliers et exposés autour du thème permettront-ils de maintenir l’unité du peuple sénégalais et par conséquent la stabilité sociale et politique nationale.

Une des définitions que le Larousse donne à l’unité est la suivante : « Caractère de ce qui est considéré comme formant un tout dont les diverses parties concourent à constituer un ensemble indivisible ». Sans l’unité, aucun groupe, aucune famille, aucune communauté, aucune nation ne peut être forte et ne pourra se développer rapidement. À ce propos, l’histoire a montré que les pays qui ont connu des conflits d’ordre ethnique, ou raciales ou politique ou religieux sont ceux qui, aujourd’hui, peinent le plus à émerger, à sortir de la pauvreté nonobstant le fait qu’ils regorgent de richesses naturelles diverses et très convoitées (minerais, pétrole, or, diamants, etc.).

Les études économiques ont montré que le développement est un processus long et endogène qui nécessite stabilité et sécurité pour être mené à terme. Or, le manque d’unité et les conflits qui en découlent généralement entrainent une diminution des échanges commerciaux avec l’extérieur, de l’investissement et une détérioration des facteurs de production (le capital physique et humain) relative au déplacement de masse des populations, à la baisse du niveau de l’éducation et des soins de santé. Et naturellement tout cela induit le ralentissement de la productivité et de la croissance économique en conséquence. Ces mêmes études en sont arrivées à établir que le PIB réel d’un pays en conflit connait une baisse de 15 % à 20 % au bout de cinq ans par rapport au PIB réel qu’il aurait obtenu en l’absence de conflit. Pourtant tout cela a déjà été prédit par Allah. En effet, le Coran nous a enseigné que les divergences, conflits et tiraillements affaiblissent et font céder un groupe, une communauté comme le montre ce verset :

« Et obéissez à Allah et à Son messager ; et ne vous disputez pas, sinon vous fléchirez et perdrez votre force. Et soyez endurants, car Allah est avec les endurants ». (Al Anfâl, 46)

Tout cela permet de comprendre que le maintien de la stabilité d’un groupe, d’une communauté est cruciale pour assurer son essor et sa prospérité. Or, sans l’unité il ne peut y avoir de stabilité. C’est pourquoi, l’unité entre les hommes a été, avec la foi, au centre de l’enseignement issu des trois religions révélées. D’ailleurs, le Seigneur a encouragé l’unité à travers plusieurs versets du Coran : « Cramponnez-vous ensemble à la corde d’Allah et ne vous divisez pas ; et rappelez-vous le bienfait d’Allah sur vous : lorsque vous étiez ennemis, c’est Lui qui réconcilia vos cœurs. Puis, par Son bienfait, vous êtes devenus frères ». (Âli Imrân, 103)

Dans un autre passage, Il a dit : « Les Croyants sont tous des frères, arrangez donc les différends de vos frères et craignez Dieu afin qu’il ait pitié de vous » (Al Hujurât, verset 10)

Et dans la sourate an-nisâ’i, en son premier verset, Allah montre que même si nous formons plusieurs peuples, plusieurs communautés répartis à travers la terre aussi, nous appartenons à une seule et même famille dans la mesure où nous sommes tous issus du même père à savoir Adama (as) et de la même mère (Hawâ) : « Ô hommes ! craignez votre Seigneur qui vous a créés d’un seul être, et a créé de celui-ci son épouse, et qui des ces deux-là a fait répandre (sur la terre) beaucoup d’hommes et de femmes. Craignez Allah au nom duquel vous vous implorez les uns les autres et craignez de rompre les liens du sang. Certes Allah vous observe parfaitement ».

C’est d’ailleurs une des raisons qui font qu’à chaque fois qu’Allah parle à ou de Ses serviteurs dans le Coran, Il s’adresse à eux comme à une seule communauté, un seul corps que composent plusieurs membres et organes. Il s’y ajoute que tous actes cultuels à caractère obligatoires de la religion islamique sont valables pour toute la communauté et les membres les font généralement ensemble :

– la prière en assemblée est préférée à celle faite de manière individuelle car elle procure plus de mérites que celle-ci ;

– la zakât est réclamée à tous les membres de la communauté (une fois que les conditions qui la rende obligatoire pour le musulman sont réunies (cf. TDV n°103 : LA ZAKÂT, UNE OBLIGATION D’ORDRE DIVIN) ;

– le jeûne du ramadan est valable pour toute la communauté (à l’exception du malade et du voyageur) et les musulmans le font en même temps ;

– le pèlerinage à la Mecque qui constitue le cinquième pilier de l’Islam se fait en communauté chaque année à la période connue en réunissant plusieurs millions de musulmans aux lieux saints de l’Islam.

Cela montre donc, si besoin en est, que le fait que toutes ces pratiques cultuelles soient observées par toute la communauté et en même temps concourt à créer l’unité entre les croyants.

Maintenant, pour réussir l’unité, les parties impliquées doivent avoir un seul et même but qui soit supérieur à eux-mêmes, à leur propre personne. Cela doit aller au-delà de toute considération personnelle et être plus important que l’intérêt crypto-personnel. Le fait de partager un but commun, d’aspirer au même idéal pousse les membres du groupe à s’investir tous totalement en travaillant main dans la main pour l’atteindre. Ainsi, leur motivation finit par créer une solidarité mutuelle capable de surmonter toute divergence, tout clivage, tout obstacle qui peut intervenir en cours de route.

C’est pourquoi dans une communauté où règne l’unité, aucune querelle ne saurait prospérer. Les membres vivent dans la paix et la stabilité avec une parfaite harmonie garantie par la seule volonté de voir le but commun atteint. Ils se considèrent comme des alliés voire comme des frères et sœurs unis par ce but commun qui est supérieur à tout. Il ne peut donc exister entre eux aucune forme de discrimination, aucune stigmatisation, aucune forme d’inimitié encore moins de haine dans la mesure où l’égoïsme, la jalousie et les démarches solitaires sont bannis. Ils comprennent bien qu’ils forment un système interdépendant car chacun d’eux constitue une des pièces maitresses indispensables pour atteindre le but commun.

C’est cela qui fait qu’aucun membre ne peut faire du tort aux autres ni ne peut entraver à leurs libertés individuelles au risque de compromettre les chances d’atteindre le but commun. Ils sont aussi conscients que malgré des visions et des idéologies politiques divergentes, l’unité de la communauté ou de la nation ne doit jamais être menacée pour la simple raison que chacune d’elles a normalement le même but final qui n’est rien d’autres que d’assurer un meilleur devenir à tous. Cela, les pionniers ayant assis les bases de l’Etat sénégalais l’avaient bien compris en choisissant comme devise : « Un Peuple – Un But – Une Foi ». C’est l’unité autour de cette devise qui a permis de garantir ou de retrouver la stabilité nationale à chaque fois qu’il y a eu quelques heurts. De même, en dépit des croyances religieuses différentes aucun groupe ne doit agresser l’autre ni porter atteinte à sa foi pour la simple raison que l’unité qui prévaut assure le respect et la liberté de culte à toutes les composantes de la communauté.

Concernant la communauté islamique, les membres ne sont animés que par un seul et même but à savoir adorer Allah en ne lui trouvant aucun égal et à suivre scrupuleusement les enseignements de Son messager (asws). C’est cela qui unit les 1,6 milliards de musulmans du monde entier. Pour que cette unité soit renforcée et pérenne, le saint-maitre Seydina Limamou Lahi (asws) conseillait : « Sachez ô vous Croyants que le Croyant doit rester uni aux Croyants, lesquels s’unissent à lui. Celui qui ne le fait pas ne reçoit pas l’aide de Dieu. » Le croyant ne doit donc ni s’éloigner ni abandonner le reste de la communauté.

En effet, le soutien qu’Allah apporte à Son serviteur passe toujours entre les mains d’autres personnes avant d’arriver à lui. C’est pourquoi si le serviteur décide de s’isoler du reste de la oumma, l’aide venant d’Allah ne pourra jamais arriver à lui. Et cela rappelle ce dicton qui soutient que « L’homme est le remède de l’homme ». Il doit donc s’ouvrir aux autres, les côtoyer afin d’entretenir une relation fraternelle, de solidarité et d’assistance avec chacun des membres. Ces propos du saint-maitre s’ils sont appliqués à l’échelle globale montre qu’une communauté, un pays ne doivent pas vivre en autarcie. Au contraire, ils doivent s’ouvrir au reste du monde pour, par exemple, commercer avec eux, nouer des relations de partenariat et de coopération avec les autres pays.

Au demeurant, il est clair que l’unité est le socle sur lequel se bâtit la stabilité sociale et politique dans la mesure où elle permet de réunir les membres autour d’un idéal, d’une aspiration, d’un but commun à tous et tellement important qu’il transcende les individualités.

Excellente célébration de l’Appel à toutes et tous !

Par Chérif Alassane Lahi Diop « Sibt Sâhibou Zamâne »,
Analyste politique et économique,
Expert en Commerce et Management des Affaires Internationale

Écrit par: soodaan3

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